Glossaire bon chic bon genre
Petit lexique à l'usage de l'urbain moderne et inclusif
Voici gracieusement offert par la maison, une liste épuisante mais non exhaustive des termes indispensables à tout humanoïde moderne, sexué ou non, qui se respecte et entend ne pas se faire distancer par une société virevoltant dans tous les sens, surtout à l'envers, ni moquer par le premier jargonneur venu. Ce lexique de plusieurs centaines d'entrées est à garder impérativement sous le coude et s'avérera un précieux compagnon de tous les jours pour faire les boutiques, traduire la presse, les petites annonces, les tracts électoraux ou briller dans les soirées branchées, les facs de lettres, les réunions étudiantes et les meetings.
Ceci est un dispositif quasi médical (non remboursé par la Sécurité sociale) aidant grandement à la génuflexion et soulageant les rotules en cas d’agenouillement prolongé.
Cet outil de sociabilisation pourrait même vous épargner injures et baffes, car ceux qui se disent tolérants ont souvent le verbe rugueux et la main leste.
Ci-dessous, en remplacement des mots et expressions désormais inadaptés à un monde qui se veut bienveillant, un index hélas incomplet des euphémismes* et des termes socialement appropriés, à la mode ou détournés de leur sens tels que piochés un peu partout, sur le net, en entreprise, dans la rue, les colloques et les médias, parfois inventés, naviguant entre le classique, le risible, l'impropre et le débile, mais toujours hypocrites.
Attention cependant, des morceaux de mauvaise foi ont pu volontairement échapper à mon attention et s'y glisser. Je préconise toutefois aux éventuels bougons que cette page offenserait d’augmenter leur consommation de légumes secs ou de courir à leur pharmacie de quartier pour se procurer une ou deux boîtes de suppositoires contre la constipation. En cas de dysfonctionnement trop sévère du tractus anal avec remontée d'humeur dans les synapses et occlusion de l'entendement, un lavement peut être indiqué : demandez conseil à votre médecin traitant qui saura vous diriger vers un psychiatre conventionné. (Nota bene : le clystère n’est pas remboursé par la Sécu mais resservira en cas de rechute).
[* Comme ne l'ignorent pas ceux qui le savent, l'euphémisme, qui découle du grec euphemismos (racines eu « bon » et pheme « parole »), est une figure macrostructurale discursive d'atténuation de la pensée et donc de l'information véhiculée, à savoir, dans le cas qui nous occupe, l'entre-deux d'un duo de deux mots qui fait la paire d'un couple : en somme, le symétrique de l'hyperbole et l'inverse de la litote. On ne peut être plus clair. (Voilà qui explique pourquoi beaucoup d'hommes politiques, qui manipulent l'euphémisme comme personne, nous paraissent si intelligents alors que tout nous prouve le contraire. Effectivement, soyons lucides, « paraissent » seulement, car comme il est loisible à tous de le constater sinon de l'expérimenter, et au vu de leurs résultats, l'on suspecte le festival de bipèdes ordinaires dans des costumes trop grands, voire la meute omnivore de pistonnés que la bonne fortune ou le manque de scrupules a surélevés plutôt que de les laisser logiquement trimballer des cagettes de légumes sur les marchés. Sans oublier l’inévitable cohorte des vraies carpettes et des minables authentiques, qu’ils soient analphabètes, drogués, corrompus, apologistes des terrorismes les plus abjects ou coupables de violences sexuelles. Si, ça s’est vu !)].
Abandon = « déprise », exemple : la « déprise agricole » ou comment mettre un nom sur l'impossibilité de la paysannerie de vivre décemment de ses métiers, ce qui l'oblige à fuir les campagnes.
Accord (être d’), partager les mêmes valeurs = avoir le « même rapport au monde » ou le « même rapport à la vérité ». Ces expressions-là, rien que de les entendre, le système nerveux vous démange du néocortex jusqu'au bout des poings. Souvent, les gens gentils qui « partagent » ce « même rapport au monde ou à la vérité » ont la particularité de tous vivre au pays magique des jouets où fleurissent les arbres à barbe à papa.
Achat = « acte d’achat ». Remarque : il importe qu’une bonne « expérience client » se conjugue avec un bon « acte d’achat », sinon c’est la pagaille. Ne signifie en rien que c'est une « bonne affaire », sauf pour le vendeur. Néanmoins, l’expérience se doit de toujours être une « expérience positive », cela même quand vous avez le sentiment de vous être bien fait avoir (voir aussi « Expérience »).
Accusé = « mis en cause », en conséquence de quoi, la phrase : « ils ont accusé le mis en cause », est incorrecte. On peut cependant la remplacer par : « le mec n'est pas sorti de l'auberge ».
Acnéique = « peau à problème ». L’emploi du terme ne garantit pas le succès en matière de sexe qui attendra peut-être même la fin de la crise.
ADN = généralement, quand « c’est dans l’ADN », c’est toujours positif. La version négative se rencontre rarement : on ne dit pas que « c’est dans l’ADN » d’untel d’être un connard.
Agression = « incivilité ». Selon une loi bien-pensante, un pain incivil dans la gueule s'encaisse mieux qu'un coup de poing agressif dans la figure.
Aligner, accorder, conformer = ces quelques verbes sont désuets dans certaines de leurs acceptions : il s’agit aujourd’hui de « mettre en cohérence ».
Allogène = « issu de la diversité », « minorité visible ». Ces expressions s'opposent ici et farouchement à « autochtone » (voir ce mot), terme périmé et même, selon certains, carrément « nauséabond » dans ce contexte précis.
Amende de stationnement = « forfait de post-stationnement » ou « FPS ». Le forfait n'est pas une amende mais coûte tout aussi cher.
Américain = « États-Unien ». Parfois utilisé de manière péjorative par les personnes plus critiques à l’égard des USA (dont la politique peut parfois prêter à controverse, comme celles d’ailleurs de tous les pays) qu'envers les régimes autoritaires dans la mesure où ceux-ci penchent à gauche ou sont eux-mêmes anti-américains.
Antivaccination : « antivax ». Les personnes se réclamant de ce mouvement démontrent que la libre expression démocratique n’est pas toujours à l’avantage de la civilisation et qu’il n’est pas toujours raisonnable de laisser la parole aux rigolos sous prétexte d’égalité. Quand la bêtise l’emporte sur la connaissance, que des cancres incapables de faire la différence entre une boîte de Petri et un fluorimètre font valoir leur avis sur des sujets hors de leur portée, que des nigauds sous-alphabétisés contestent la science dont ils n’appréhendent pas le moindre domaine, que des béotiens implorent un cosmos magique, s’envoient des tisanes de rognures de pachydermes pour faire tomber la fièvre ou bander dur, l’humanité tremblote sur ses fondements et menace de crouler. Cela dit, cela n’empêche pas de surveiller les méthodes des grandes entreprises pharmaceutiques, de tenir à l’œil débordements éventuels et autres collusions malsaines, de modérer l’ardeur de leurs lobbies sans en arriver à remettre en cause les progrès de la médecine moderne : merci de la part de ceux, très nombreux, que celle-ci a sauvés. L’épidémie de la Covid 19 nous a d’ailleurs rappelé cette méfiance quasi instinctive des benêts envers les vaccins, spécialement chez les jeunes qui ne craignant guère de mourir n'ont pour certains pas hésité à faire courir ce risque à leurs aînés, preuve que le vivre-ensemble a les limites qu'impose l'égoïsme : il y a pourtant fort à parier que la maladie aurait davantage tenu de la lèpre ou de l’infection à virus monkeypox, les petits chéris, toujours attentifs à leur apparence, se seraient rués dans les pharmacies pour se faire vacciner. Pour une autre fournée d'énergumènes et l'édification des peuples, ne pas manquer de visiter la page COMPLOTISME.
Apaisé = l’espace public est dit « apaisé » quand la circulation y est réservée aux « mobilités douces » (cf. infra, « Transport »), sauf dans les « quartiers sensible » (cf. infra, « Cité ») moins « apaisés » où les « rodéos » (cf. ce mot) pétaradants restent d’actualité dans l’ambiance malicieuse des tirs à la kalachnikov.
Aptitude intellectuelle supérieure = « douance ». Terme à employer d’urgence car permettant de paraître plus intelligent à peu de frais. La « douance » est ce que les génies possèdent mais dont beaucoup ne se servent pas. Il est singulier que les génies se sous-estiment fréquemment en s'imaginant une intelligence lambda tandis qu'a contrario beaucoup d'imbéciles se croient malins. Sans doute que l'intelligence manque à ces derniers pour comprendre qu'ils sont cons. C'est un effet pervers de l'intelligence que de ne pas en avoir. Remarque à l’attention des inquiets : ne pas être intellectuellement doué n’interdit pas la réussite sociale ni de faire carrière ; dans l’actualité, les exemples ne manquent pas qui rassureront ceux trop prompts à se sous-estimer.
Arène, amphithéâtre = « arena » ajoute un petit… finalement je ne sais pas quoi d’inutile.
Art primitif = « art premier », supplante impérativement l’« art nègre » frappé d’infamie. Néanmoins, cela reste de l'art et l'« art nègre » qui aujourd'hui n'a jamais existé a accouché de très belles réalisations.
Assisté = une forme plus radicale du terme est apparue ces dernières années, le « cassos » ou « cas social », qui est moins une victime du « système » qu’un parasite de ce système. Pour faire court, le mot regroupe tous les glandus des cités qui pourrissent la vie des habitants par des comportements de sous-développés mal embouchés. Un amalgame un peu facile, assez fréquent mais plus poli, existe avec la « jeunesse des quartiers », toujours dommageable à l’encontre de certains jeunes qui travaillent dur pour se sortir d’un milieu défavorisé.
Attendre = « être en attente ». Troquer un verbe du troisième groupe pour un verbe auxiliaire des plus communs est d'un grand soulagement pour les ignares. Il arrive même qu'un autre cap soit franchi — ainsi que nous l’avons personnellement remarqué en tremblant de rage et les larmes aux yeux — dans certains cursus post-bac où l’usage de l’infinitif, en lieu et place du verbe conjugué, tend à se faire systématique (voir également « Résoudre »).
Attentat = quel bel euphémisme pioché dans la presse que ce « projet d’action violente » en lieu et place de « projet d'attentat » ! C'en est presque rassurant.
Attouchement = « comportement inapproprié ». Le « comportement inapproprié » dépasse de beaucoup la simple notion d’attouchement : il va du regard appuyé à la main aux fesses en passant par la claque dans le pif au viol buccal sans oublier la bonne vieille intromission anale, autant dire que l’éventail est aussi large que les dégâts potentiels, physiques comme psychologiques. Les possibilités s’enrichissent d’ailleurs selon les pays et les traditions qui peuvent tolérer voire favoriser l’esclavage d’un sexe (généralement féminin) pour le plaisir de l’autre (souvent masculin) sans distinction d'âge : à ce stade et dans ces conditions, le comportement n'est plus inapproprié mais d'usage, habitus discutable qui ne semble pas émouvoir outre-mesure certains bien-pensants d’ordinaire plutôt prompts à faire la morale.
Autisme = « troubles du spectre de l'autisme » ou « TSA », à ne pas confondre avec la Transportation Security Administration qui est un autre genre de verrouillage.
Autochtone = ce terme étant devenu suranné et pour ne pas employer « indigène » plutôt connoté, il est désormais d’usage, notamment au Canada, de parler de « premières nations ». Désormais, les archéologues vivent dans la crainte de tomber sur des témoignages de peuples disparus antérieurs aux « premiers » qui deviendraient des « peuples seconds », voire carrément des colons potentiellement génocidaires. Quand originaire du continent américain, l’autochtone se nomme également « amérindien ». Remarque : selon certains oligophrènes acquis aux doxas farfelues, il n’existe par contre aucun autochtone originaire du continent européen (cas unique sur la planète), mais seulement des « migrants ». Par extension et pour faire simple, les peuples « racisés » sont toujours « premiers », les « non-racisés » toujours colons.
Aveugle = « non-voyant ». Il est possible que l'aveugle ne voie pas la différence. Attention à ne pas vous faire surprendre, une personne qualifiant un aveugle de « mal-voyant » est « mal-comprenante » car ne rien voir n’est pas être miro.
Baby-boomer = le très péjoratif « boomer », terme adopté jusqu'à la nausée par nombre de déclassés intellectuels qui généralement n'en rament pas une et surtout profitent bien des acquis, tout en démontrant s'il était encore nécessaire que déconsidérer l'« autre » est la base première du racisme. Bref, dans l’esprit de ceux-ci, le « boomer » est la victime expiatoire rêvée, un idéal apotropaïque, la cause des déboires actuels de la planète. Le « boomer » est volontiers réac et conservateur, européen, sexiste, homophobe, transphobe et coupable de tout un tas de trucs en « phobe » pas jolis jolis, en plus d'être antijeune, raciste, rapiat mais pété de thunes, individualiste, totalement incapable d'appréhender les nouveaux enjeux du monde parce que con et égoïste. Ceux qui le jugent aussi sévèrement sont bien entendu des modèles d’exigence, de tolérance et de respect, ne participent pas à la crise des banlieues, aux trafics de drogue, donc ne fument pas de pétards, ne s’envoient pas de schnouff dans le pif, ne gobent pas d'ecstasy, ne se détériorent pas le mental au fentanyl, s'impliquent dans le redressement planétaire, sont définitivement altruistes, écolos, respectueux, pas misogyne pour un rond, magnifiquement alphabétisés, ingénieurs ou graines de scientifique, bref instruits, utiles et engagés comme se doivent de l’être tous les individus responsables. Pour un supplément d'amertume, cf. infra, « Génération ».
Baisse des salaires = « flexibilité des salaires ». Les salariés goûteront la distinction.
Balayeur = « technicien de surface », », mais « agent de propreté et d’hygiène », « agent de nettoyage », « agent d’entretien » et « agent du ménage » sonnent tout aussi bien. Le balai est le même, la paye aussi, autant que le standing.
Bande dessinée = dès qu'il y a un certain nombre de pages, la « bande dessinée » devient un « roman graphique ». Le contenu n'est pas forcément plus brillant mais peut se permettre d'être plus prétentieux, en tout cas passe pour intello pour beaucoup qui décrochent en lisant la « Bibliothèque verte ». La BD est à nos contemporains ce que le livre était à nos aïeux, un support du savoir et de la culture : sans entrer dans les détails, ceci explique cela et peut-être même plus. Le « manga » est une version monosyllabique à succès de la BD dont le sens de lecture importe peu, avec personnages à gros yeux et nez pointu gesticulant bouche ouverte. Le manga « seinen » est le format pour les personnes qui se veulent matures, friandes d’exotisme et intellos. Le « hentai » est la version avec socquettes mais sans culotte du manga.
Banlieue = « quartier », parfois « zone grise ». Dans le cadre d'un code couleur républicain original, il existe des « zones grises » même en « zone rouge », ainsi que des « zones bleues » qui déjà nous coûtent cher, mais toutes ne sont pas des « zones de confort ».
Barre d’immeuble, tour HLM = la tour d’Habitations à Loyers Modérés, la barre d’immeubles de logements sociaux digne de l’ère soviétique ne sont plus de vilains bâtiments ou s’entassent des centaines voire des milliers de locataires, mais des « villages verticaux ». Celle-là, je n’aurais jamais cru que quelqu’un l’oserait.
Bas de gamme = « entrée de gamme ». La qualité est a priori la même, mais le prix peut différer.
Bavure = la forme de « bavure » dite « dommage collatéral » permet les excuses et de recommencer avec la conscience tranquille. Les victimes en sont bien consolées.
Bienveillance = c’est vouloir poser un regard positif sur l’autre, que ce soit un saint ou le dernier des connards. Demande donc beaucoup de sang-froid et de longanimité selon qui vous avez en face. Le défaut majeur de la « bienveillance » est d’interdire de traiter ses contemporains de « trous du cul », ce qui en démocratie est pourtant un droit essentiel et fondamental de toute vie sociale.
Biologie = « biodynamie », où quand l’agriculture et tout produit « élevé en biodynamie » se veulent plus bio que bio. Si la biologie est une science, exigeante comme toutes les sciences (à la différence des pseudo-sciences accessibles aux attardés), la biodynamie a cette prétention mais ne l’est pas. Il s’agit ici d’incruster des pratiques occultes et magiques dans le monde agricole, un peu de délire anthroposophique, une fumisterie ne valant pas fumure inventée par un illuminé du début XXe siècle, Rudolph Steiner, inspiré par la théosophie, autre concept fumeux. La biodynamie, qui n’a rien à voir, rappelons-le, avec l’« agriculture biologique », propose donc une culture sans engrais ni pesticide mais avec ajout d’un peu de magie et des préparations à base, par exemple, de crânes d’animaux, de vessies de cerf, d’écorce de chêne à intégrer au compost, histoire d’« informer » les sols. Évidemment, il convient de ne pas négliger le cycle des planètes et de la lune pour un rendement maximum et une bonne couche d’énergie cosmique concentrée. Les cultivateurs en biodynamie ne font pas encore la danse de la pluie à poil dans leurs champs sous les étoiles avec un collier de fèves autour du cou et une plume de casoar dans le derrière mais ça pourrait bien ne pas tarder. Finalement, nous en déduisons que, lorsqu’un commerçant nous vante un produit élevé en biodynamie ou un « label biodynamique », trois possibilités s’offrent à nous : 1) c’est un margoulin qui nous prend pour des imbéciles en voulant nous faire avaler sa superstition d’un autre âge ; 2) il croit vraiment ce qu’il dit auquel cas c’est lui l’imbécile ; 3) il confond « agriculture biologique » et « biodynamie », et une petite remise à niveau en science ou/et en français s’impose pour qu’il cesse de passer pour un corniaud. Pour un complément d’information ou ne pas mourir idiot, consulter le site de l’AFIS qui vous régalera d’exemples édifiants.
Blanc = Terme excessivement connoté à n'employer que péjorativement si qualifiant une personne (dans l’esprit bizarrement fichu de certains faux jetons, les mots « babtou » et « kâfir » peuvent le remplacer avantageusement, car bienveillants et absolument pas racistes). Le « Blanc » ou l'individu « perçu comme blanc » (?), donc non « racisé », est un être étrange, encombrant et peu recommandable, coupable de toutes les vilenies depuis le néolithique, toujours suspect de « suprémacisme », généralement trop présent dans la société et trop visible dans les médias comme dans son propre pays du fait de son « privilège blanc ». Se trouve souvent associé à « masculinité toxique », surtout s'il a le malheur d'être hétérosexuel, excepté lorsqu'il appartient à une « minorité visible » par principe innocente. Donc vous qui avez la malchance d'être blanc, hétéro et quinqua, et un mec en plus, faites gaffe, vous ne le savez peut-être pas, mais dans l'esprit de certains de vos contemporains pas trop futés, vous avez toutes les chances d’être un p*** de salaud. Et que vous soyez un toubib bénévole dans une léproserie du tiers-monde n’y changera rien.
Blesser = il est possible de blesser physiquement, mais aussi moralement (cf. infra, « micro-agression »). Par exemple, une « connotation blessante » rappelle que les mots peuvent acquérir des résonnances péjoratives, ce que tartuffes et pleurnicheurs professionnels se pressent d’exploiter contre ceux qui les emploient de façon à les maintenir dans un état de repentance permanente visant la sujétion sociale. Adeptes du déculottage, certains en arrivent à s’autocensurer et à délibérément ne plus user de ces termes plutôt que d’envoyer balader les éternels affligés et autres complexés historiques qui se plaisent à voir de ces « connotations » négatives partout.
Bon, bonne = « beau », « belle » Ne pas dire « bonne journée » mais « belle journée », sinon vous passerez pour un ringard pas cool voire un vilain réactionnaire suspect de maréchalisme. Idem pour la nouvelle année : ne plus souhaiter une « bonne année » mais une « belle année ». Dans le même ordre d’idée, une personne sympathique et généreuse devient une « belle personne » même si laide comme un pou. Attention cependant à la faute de goût et à ne pas systématiser : « elle est bonne, la salope » n’équivaut pas tout à fait à « elle est belle, cette femme », sauf dans certains quartiers où la femme est moins femme que femelle.
Bonjour à tous = en remplacement de cette formule non-inclusive qui menace de déstabiliser l'orbite de la planète, le ridicule « chères toutes, chers tous », a le vent en poupe, spécialement en entreprise et chez les lécheurs de rosettes angoissés à l’idée de discriminer par inadvertance. Pourquoi cet ordre se demandera le fanatique ? Le masculin en premier, mais horreur ! ne serait-ce pas le retour du « patriarcat » (voir ce mot) réprouvé ! Alors mettre le féminin d’abord ? Non, pas question, ce serait rabaisser les femmes en faisant montre de galanterie et restaurer l’ordre ancien du mâle dominant. C’est vraiment du souci. Notons toutefois que le monde de la bien-pensance se veut inclusif dans les formules de politesse mais se presse moins pour égaliser les salaires entre les sexes pour un même poste et faire évoluer les carrières, et encore moins pour dénoncer certaines pratiques culturelles qui ravalent la femme au rang d’animal de compagnie ! Et d'ailleurs, il manque quelqu'un, un troisième ! Quid des « non-binaires » qui ne se reconnaitront pas dans ces nouveautés ? Aujourd’hui, de simplement dire bonjour devient une épreuve... ou un danger.
Bourgeois = existe en plusieurs versions dont le très classique « bobo », ou « bourgeois bohème », et le « bogo » ou « bourgeois de gauche ». Le bourgeois reste l'ennemi héréditaire quasi apotropaïque du prolétaire comme du prétendu rebelle qui voudraient en être, cela jusqu'à ce qu'ils en soient.
Brutaliser = dans les médias, ce verbe est systématiquement remplacé par « violenter », ce qui laisse planer un doute sur les violences commises sur la victime : simplement bousculée, cognée ou sodomisée ?
Bulletin scolaire = « livret de compétences ». De nos jours, tient sur une feuille de format A5. Jolis « soleils » et petits « nuages » peuvent remplacer les notes pour parer à toute stigmatisation et flatter le mauvais élève en le laissant imaginer qu’il est bon jusqu’à ce qu’il prenne conscience du contraire, quand il sera trop tard. La méthode mériterait d’ailleurs d’être étendue au personnel politique : plutôt que de bêtement les ovationner ou les conspuer, l’on pourrait leur associer des « chapeaux » pour les rares qui n’ont pas démérité, des « pâquerettes » pour ceux qui y sont allés, des « cornichons » pour cette grande majorité qui se comporte comme tels.
Cadre en fin de carrière = « sénior confirmé ». Souvent dans un placard de préférence près de la porte.
Cahier de brouillon = « cahier d'essai ». Possiblement en voie de disparition car l'élève doit savoir écrire.
Cahier de correspondance = « cahier de liaison ». Ce cahier pourrait bientôt ne plus trop servir, les profs ayant parfois la trouille des réactions disproportionnées de certains de leurs élèves déjantés ou complètement abrutis, ou de leurs parents dès que l’on se permet de critiquer leurs progénitures : en effet, les « géniteurs d’apprenants » (cf. infra, « Parents d'élèves ») en question, généralement sous-alphabétisés et bien que ne pratiquant pas le langage des signes, s’expriment trop souvent avec les mains.
Caïd, racaille = « grand frère ». À noter que le « grand frère » n'a pas souvent de métier, car trop con ou fainéant pour faire des études, encore qu'il puisse jouer les dealers, prostituer les filles de son quartier, racketer les petits commerces ou cambrioler, ce qui dans l'esprit de quelques anthropoïdes velus peut s'apparenter à un boulot. Autodidacte en diable, il lui arrive même de bien gagner sa vie et cela sans attirer l'attention des impôts qui préfèrent se concentrer sur le bourgeois, plus pépère dans ses réactions avec l'autorité. Insolvable mais roulant en berline de luxe ou sportive pétaradante, le naturel folklorique sinon exotique du « grand frère » lui impose le mépris de la société qui l'engraisse autant que des filles dont il abuse. Ethnologiquement parlant, on reconnaît le « grand frère » banlieusard à son accoutrement improbable digne d'un auguste de cirque, à son goût dit « de chiotte », ses manières de primate inapprivoisé et ses difficultés d'élocution qui donnent l'impression qu'il s'exprime avec des patates chaudes plein la bouche : généralement, il s’attarde sur certains phonèmes avec une ardeur épatante, prononçant « viktouôr » pour « victoire », « môa » pour « moi », « nôrmôl » pour « normal »», « comonss » pour « commence » ou « vouôr » pour « voir », en accentuant bien les « r » tout en raclant très fort la gorge, façon dégurgitation, et ponctuant ses phrases de « vôzy onkulé » (« vas-y enc*** » : note du traducteur) un brin dérangeant. Autant dire que le dictionnaire Gogol-français s'avère ici indispensable : heureusement il ne prend guère de place. Ses goûts musicaux sont généralement à la hauteur de ses capacités langagières, c'est-à-dire proches du babil du prématuré avec profusion de moulinets des pattes avant et roulements des globes oculaires, froncement du groin en jouant du menton et des canines. Ces travers ne l'empêchent pas de se prendre très au sérieux et de faire toujours la gueule, au point d'en devenir mauvais comme une teigne si désobligé. L'honnête homme, s'il tient à l'intégrité de ses maxillaires, et l'honnête femme, si elle compte rester fraîche et continuer à marcher droit, se garderont bien de fréquenter le bestiau et sa clique. Prudent voire timide si solitaire et hors de son territoire, le « grand frère » se véhicule courageusement en groupe appelé « gang » ou « bande de cons » qui n’hésite pas à affronter le danger d’un individu solitaire. Écologiquement parlant, le « grand frère » tend à se reproduire et à abonder dans les « cités » (cf. infra), cela au vu et au su de l’État qui en a fait de véritables nurseries d’endoparasites sociaux superfétatoires à la charge d'une population qui n'en demande pas tant. Le petit du caïd ou sa forme immature s'appelle un « sauvageon » qui peut se montrer également très désagréable sinon dangereux d'autant plus qu'il bénéficie d'un étrange privilège immunitaire nommé « excuse de minorité » (cf. infra, « Délinquant »).
Caissière = « hôtesse de caisse » (cf. supra, « Balayeur » pour les avantages supposés).
Cantine = « restaurant scolaire » ou « restaurant d'entreprise ». L'erreur serait de croire que la nourriture y est meilleure qu'à notre bonne vieille « cantoche ». Remarque : il semblerait que la cantine de l'Assemblée nationale soit excellente tout en restant très abordable (par le prix seulement et pour les élus uniquement, car le commun des mortels ne pourra l'aborder qu'en songe), comme quoi il faut se garder de systématiser.
Capable = pour une étrange raison se voit systématiquement remplacé par « en capacité ».
Casseurs = lors de manifestations politiques (de gauche exclusivement), les minables casseurs convaincus de tout ravager au nom d'une utopique justice portent comme une médaille le fier nom d’« antifas », banal apocope d’« antifascistes ». Qu’importe si ces forcenés ravagent sans discernement sur leur chemin les boutiques de citoyens pouvant partager leur idéologie, ils s’imaginent œuvrer pour la bonne cause avec dans l’idée de renverser le monde qui les engraisse, sans avoir la moindre idée de ce par quoi il pourrait le remplacer. Quand le plaisir de tout détruire et piller importe davantage que le besoin de se croire militants du bien, nous sommes plutôt en présence de « black blocs ». Dans tous les cas, nous avons affaire à de sombres crétins se voulant nobles activistes ou chevaliers libertaires qui ne font en fait que s’emparer du moindre prétexte pour se défouler. Généralement, tous agissent courageusement masqués et à distance des forces de l’ordre, démontrant que l’on peut être à la fois vandale et prudent (ou con et lâche, c'est selon). Lorsqu’ils se revendiquent de l’extrémité droite de l’échiquier politique, les casseurs n’ont pas de dénomination particulière, encore que beaucoup de petits noms (dits « noms d’oiseau ») peuvent venir à l’esprit pour les qualifier, dont l'inusable et très commode « facho », encore qu'« abruti » suffise amplement. Pour être juste, il convient toutefois de ne pas confondre les divers types de casseurs décrits ci-dessus avec les bandes mugissantes qui s’attaquent bravement aux passants sans défense pour impunément les frapper, les violer ou les dépouiller, car il ne s’agit en la circonstance que de hordes quasi quadrupèdes débarquées de zones de « non-droit » (voir « cité ») venues se distraire ou faire leurs courses en ville, identifiables à leurs dialectes pittoresques (cf. supra, « Caïd ») incompréhensibles aux lettrés.
Censure = « déprogrammation ». Un spectacle ne se censure pas, il se déprogramme. Pour être plus exact, les partis de gauche « déprogramment » tandis que ceux de droite « censurent ». La « cancel culture » est la version « hard » de la censure qui va jusqu'à vouloir littéralement effacer de l'histoire l'objet, la personne ou le thème à censurer. Nul doute qu'un tel concept, qui flirte avec le révisionnisme, eût été approuvé par Staline, Hitler, Mao ou Pol Pot en personne ; d'ailleurs, nombre de régimes totalitaires l'adoptent dès qu'il s'agit de remodeler leur histoire nationale pour s'en tailler une sur mesure. Comme quoi certains bien-pensants ne répugnent pas à adopter des méthodes éprouvées par de grands démocrates.
Censurer = « modérer ». Tolérance ou pas, pour avoir raison, de beaux esprits jugent parfois nécessaire de « modérer » les avis différents.
Centre-ville = « cœur de ville ». Il existe aussi l'« hypercentre » qui est également « hyper-vilain » mais doit faire frissonner de bonheur certains vertigineux décisionnaires qui entendent marquer le monde de leur empreinte.
Championnat du monde = « mondial », sémantique traîtresse car fluctuante, désignant parfois une compétition, d’autre fois un salon, ou plus simplement une notion relative au monde.
Charité = « solidarité active ». Cette « solidarité » se pratique « activement » avec l'argent des autres, généralement celui des contribuables et pas nécessairement avec celui de ceux qui la vantent.
Chauve = « affranchi du peigne » pourrait bien un jour s'imposer chez les snobs.
Chômeur = « chercheur d’emploi ». Dans l'esprit de ses inventeurs, la formule doit clairement aider à trouver un job. Notons que l'administration ne rechigne pas à user de ce procédé quasi magique qui voudrait qu'en changeant la forme on change le fond : l'ANPE est devenue Pôle Emploi puis France Travail. Heureusement, les chômeurs ne semblent pas avoir été trop perturbés par ces différentes appellations pas plus qu'ils n'ont trouvé de boulot.
Citadin établi à la campagne = « néo-rural ». Le « néo-rural » est un « habitant du territoire ». Il aime la campagne sauf quand elle le dérange, c’est-à-dire qu’il la veut calme et propre, sans bouses, désodorisée, sans trop de bébêtes ni sons de cloche, de vache comme d'église. Il préfère généralement la compagnie d'autres néo-ruraux car le paysan, être mystérieux, rude et ombrageux portant béret, n'est pas forcément son ami, même s’il le trouve pittoresque et décoratif. Écolo jusqu’au bout des mocassins, sa connaissance de la nature se limite assez souvent aux herbes aromatiques qu'il cultive sur son balcon et au nourrissage de carlin.
Cité = « quartier sensible ». Le terme « sensible » n'est pas à prendre au sens de « romantique » ou « sentimental », mais plutôt comme la gêne d'un vilain prurit. Le quartier est dit « sensible » quand l'État n'y fait plus son boulot mais encaisse toujours les impôts, voire de « non-droit » quand la police a l’interdiction quasi légale ou du moins coutumière d’y pénétrer (cf. infra, « Quartier interdit » et le délectable « no-go-zone »). La preuve que nous vivons dans une vraie démocratie, l’État pousse très loin la liberté d’expression au point de laisser les délinquants s’épanouir et prendre les locaux quasiment en otage. Si les victimes de cette sauvagerie avaient par hasard la déplorable idée de se défendre, voire de former une milice de quartier, l’État saurait néanmoins répliquer avec toute la force du droit dont il est investi, garantissant ainsi la visibilité des mentalités diverses, la libre circulation des hordes indélicates et de leurs biens mal acquis. En résumé, vu des balcons des palais de la République, il n’y a avec ces « quartiers sensibles » que de légers problèmes de gestion du « vivre-ensemble » du fait de petites « incivilités » ; vu d’en bas, le citoyen se fait juste tirer dessus.
Clochard = « SDF », « sans abri » ou les suffocants « personne en situation de rue » et « personne en situation d'itinérance » qui justifieraient que l'on gratifiât l'inventeur de ces formules de mille coups de pied au cul. Mieux, ce vagabondage des malheureux bénéficie d'un qualificatif à la hauteur de leurs misères, le « sans-abrisme » : on dit merci. Ces diverses dénominations tentent de valoriser une position sociale plutôt problématique sans que cela ne coûte un sou à l'État.
Codes = de nos jours, sont surtout là pour être cassés, car on « casse les codes » au même titre que les c…
Cohabitation = « vivre-ensemble », étendard du « multiculturalisme » conquérant. Ceux qui le promeuvent profitent rarement de ses avantages qui restent d’ailleurs à déterminer. Dans tous les cas, jamais expression n'a été aussi déphasée de la réalité ! Techniquement, plus le « vivre-ensemble » est mis en avant, moins les gens se supportent et plus la société est en crise en dépit du déploiement jusqu'à la nausée d'« évènements fédérateurs ».
Cohabitation forcée = « mixité sociale ». Pour éviter les malentendus, il serait aimable et judicieux d'informer ceux qui doivent en profiter que cette « mixité sociale » tant vantée ne s'exerce pas dans un cadre « hommes/femmes », « ouvriers/paysans » ou « prolétaires/patrons », mais « autochtones/allochtones », ce qui parfois, quoiqu'en disent ceux qui ne sont pas concernés, ne va pas sans causer parfois quelques regrettables frictions : comme pour le « vivre-ensemble », les personnes qui en parlent le plus en pâtissent le moins, mais elles savent vous l'imposer.
Collabo = quand le « collabo » n'a pas conscience d’en être un, il devient un « idiot utile » : il est donc moins collaborateur que con, ce qui est un début de circonstances atténuantes. Cela ne résout guère les problèmes qu'il engendre mais il est toujours bon de savoir à qui l'on a affaire. À la différence du « collaborationniste » des années Vichy, partisan du fascisme, admirateur du nazisme ou inconditionnel d’un État « musclé », qui pouvait espérer tirer bénéfice de sa soumission à l’« Ordre nouveau » européen ou croire toutes ces conneries, donc individu volontaire et conscient de ses actes même immondes, le collabo d’aujourd’hui, dit « idiot utile » donc, plein de bonnes intentions, pense généralement que la cause qu’il défend lui sera redevable alors qu’il en sera très probablement la première victime. Je pense ici à certaines femmes qui en arrivent à se battre pour des idées qui les veulent esclaves sexuelles plutôt que de les combattre avec acharnement.
Comédie musicale = « musical ». Prononcer « miouzikeul » ! car en anglais ça fait « plus mieux ».
Concentrer (se) = « rester focus ». Surtout bien prononcer le « s ». Il est toutefois fort probable que votre patron ne vous en tienne pas rigueur.
Concierge = « auxiliaire en gardiennage et médiation ». Il ou elle sort également les poubelles.
Controverse, débat = « polémique ». De nos jours, débats et controverses le cèdent assez souvent à la querelle car tout tend à devenir polémique. Généralement, une bonne dose de mauvaise foi doublée d'ignorance est nécessaire à l'installation d'une polémique digne de ce nom.
Convergence des luttes = « intersectionnalité » où comment tout embrouiller en mettant le bazar. Démonstration magistrale de la validité du proverbe « l’enfer est pavé de bonnes intentions » et que les causes les plus légitimes peuvent virer sources de nouvelles intolérances. À moins qu’au nom de cette « idéologie de l’opprimé », ceux qui se disent « victimes » (les vraies comme les autres) ne veulent simplement devenir bourreaux, histoire de changer de perspective.
Couler un navire poubelle = « océaniser ». On « océanise » les épaves flottantes plutôt que de les couler : ce n’est pas plus cher et sémantiquement plus écologique. Par contre, ça encombre autant le fond des océans.
Criminalité = « délinquance ». Les criminels ne sont en fait que les acteurs hypothétiques d’une « délinquance » fantasmée qui ne mérite pas même un interligne dans les rubriques des faits divers. Les bivalves qui jugent ce terme de « délinquance » trop connoté, voire stigmatisant à l’égard des ordures qui font régner la terreur, préfèreront parler d’« ensauvagement » de la société.
Débile, fou = « mentalement déficient », mais « neuroatypique » sonne bien aussi. Le trouble psychiatrique n’est que « détresse psychique ». En résumé, les fous ne le sont pas, ils sont « normaux différemment », et on serait fou de croire le contraire.
Décoloniser = il ne s’agit plus là de quitter un pays colonisé exploité au seul bénéfice de ses colons qui n’avaient a priori rien à y faire, mais de « décoloniser les mentalités », à savoir faire comprendre à l’ancien colonisateur qu’il n’en a pas fini avec la colonisation, qu’il va en baver des ronds de chapeau pendant un million d’années et qu’il paiera pour les comportements passés d’inconnus à l’égard d’autres inconnus, cela même si la décolonisation est achevée depuis plusieurs générations et qu'il n'est pour rien dans le bordel qui persiste dans ses anciennes colonies. Cette volonté de « décoloniser les mentalités » est souvent typique des « décoloniaux », individus jamais colonisés qui entendent profiter du malheur passé de personnes qu’ils n’ont souvent jamais connues et d’évènements jamais subis dans des pays où ils n’ont jamais mis les pieds et dont parfois ils ignorent tout de l'histoire, ou s'en font une idée digne d'un conte de fées. Mais ça peut rapporter gros.
Délinquant = « personne défavorablement connue des services de police ». À noter que « jeune » est parfois employé comme synonyme, peut-être abusivement. Nous en déduisons mathématiquement par une relation de cause à effet que si la personne est « défavorablement connue », c'est qu'elle a déjà eu des démêlés avec la justice et qu'elle sévit encore, donc qu'elle n'est pas enfermée ou mise hors d'état de nuire, ce qui pourrait expliquer et même favoriser la récidive (enfin j'imagine, je n'ai pas fait l'École Nationale de la Magistrature !). En milieu scolaire, un délinquant multirécidiviste maintes fois viré de son établissement est un « poly-exclu », ce qui a priori ne le rend pas plus fréquentable mais évite à l'Éducation nationale de le décrire comme un « petit enfoiré d'analphabète à moitié dégénéré, victime ou non de parents démissionnaires, future graine de taulard dont on ne tirera rien de bon, et qui finira par fourguer de la came aux gosses ou mettre des filles au tapin avant de finir dans le caniveau ». Dans le cas précis d’un jeune crétin habitué des mauvais coups, on préféra parler de « sauvageon », cela même s’il vend de la drogue, viole dans les caves ou distribue des coups de couteau (cf. supra, « Caïd »).
Démarche = pour marcher au pas sans trébucher dans la « stigmatisation » ni risquer un dérapage « inapproprié », la démarche doit être « solidaire », « inclusive » et « durable ».
Démocratie = pour les régimes autoritaires, ce régime politique se décline en différents « modes de démocratie » (à croire qu'il en existe une foultitude !) qui ont la particularité de ne jamais s'adapter à leur société.
Démolir = « déconstruire » ou encore « casser les codes » (cf. supra « Codes »). Généralement, on « déconstruit » ce qu'on ne comprend pas. Par ailleurs, un homme « déconstruit » est le plus souvent un « mâle cisgenre », plutôt pâlot de teint qui, en voulant rectifier les inégalités sexuelles et faire preuve de compréhension et de tolérance, ce qui est tout à son honneur, part malheureusement dans les excès et abdique toute dignité. Attention, n'est aucunement synonyme de « castré » même si l'éventualité peut s'envisager.
Dénoncer = « stigmatiser ». On ne dénonce pas les incivilités, on « stigmatise » leurs auteurs, spécialement s'ils sont « racisés ». Remarque : si le coupable est pâlichon, on peut toujours dénoncer., c'est même un devoir que s'imposent les personnes dites « progressistes » (cf. infra, « Progressisme ») ou « racisées » qui apparemment portent seules la parole démocratique et se placent d'autorité du bon côté de l'Histoire.
Dépendant = « en situation de dépendance ». Pourquoi faire court quand on peut faire long.
Dérangeant = actuellement et pour être dans le ton, employer de préférence « malaisant ».
Dessinateur = le « graphiste » fait tout de suite plus professionnel. S'il se lance dans l'« art urbain » (à ne pas confondre avec l’« art agricole » de moindre renommée curieusement), c'est un « grapheur », même s'il peinturlure sans votre autorisation la façade toute propre de votre maison avec une grosse tête de nœud rigolarde montée sur deux balloches velues à roulettes. Dans tous les cas, ce n'est pas un bête sagouin à qui vous feriez volontiers nettoyer le crépi de votre mur avec la langue, mais un artiste, spécialement si « engagé » et critique envers la société : dans ce cas, soyer fier, il délivre un « message ».
Dessin animé = « anime ». Une trouvaille de plus, de première nécessité, qui vient enrichir le dictionnaire et ne qualifiant plus la seule production japonaise.
Détracteur = « hater ». Équivalent de « détracteur » mais avec la haine en plus. Très facile à employer contre tout adversaire car porte un jugement définitif qui disqualifie automatiquement autant les vrais imbéciles que ceux qui ne sont simplement pas de votre avis. À dégainer d’urgence quand la langue perd pied ou que l'on veut couper court au débat.
Dialogue social = indispensable en entreprise, le « dialogue social » adopte des formes diverses selon les rapports de force en interne. Exemple : « retourne au boulot, sale coco ! Réponse : « va te faire foutre, cochon de capitaliste ! ». Le dialogue social peut parfois se terminer dans la rue : dans ce cas, on parle de « dialogue de sourds ».
Diégèse, univers de fiction = « lore ». Terme emprunté à l'anglais et régulièrement adopté par nos modernes « cinéphiles » et les amateurs de jeux vidéo qui pourtant ne sont pas toujours très « littéraires ».
Dictature = le mot pouvant attrister les sombres crapules à leur tête, on préférera, pour ne fâcher personne, continuer à faire des affaires et garder propres les slips des démocrates, parler de « régime autoritaire ». Mieux, on trouve désormais le très gentillet « régime illibéral » qui vaut bien un suppositoire à la glycérine. On notera non sans étonnement que, plutôt que de se faire discrets, les suppôts de ces régimes font la morale aux démocraties avec une facilité admirable. Plus étonnant encore, les démocraties ont une capacité tout aussi remarquable à encaisser ces remarques avec le sourire, sans regimber ni desserrer les dents.
Discussion = « temps d'échange ». Ce « temps d'échange » peut aussi être, comme le « dialogue social » (cf. supra), un dialogue de sourds. Des baffes s'échangent aussi à l'occasion. Dans les cas les plus critiques et les hommes trop couillons, les armes parlent à leur place et se font mieux comprendre.
Discuter = « échanger ». Si vous êtes dans le coup, vous ne discutez pas avec votre interlocuteur, vous « échangez » avec lui. Si très en forme, vous pouvez carrément « partager » avec autrui (attention, ne s'applique pas au pognon). Par contre, si vous vous contentez de « dialoguer », vous êtes sûrement un couillon.
Distribution de tracts = « opération de tractage ». L'expression ne m'était pas familière, je me la mets tout de suite de côté, ça peut servir.
Diviser = « cliver » se dit couramment en politique quand une personne reproche à une autre de ne pas chercher systématiquement le consensus et de vouloir diviser la société en étant « clivante », c'est-à-dire en s’exprimant franchement sur des sujets « polémiques » (cf. supra, « Controverse »), comme le droit minimum de râler lorsque l’on tente de vous saigner. Cas typique, au cinéma, une scène de film est dite « clivante » quand une minorité de râleurs qui n’ont pas toujours compris le scénario s’érigent en arbitres des mœurs et hurlent au scandale à son propos tandis que la très grande majorité des spectateurs n’a pas seulement pris conscience du prétendu problème, le jugent sans conséquence ou n’en a strictement rien à foutre.
Droguer (se) = « pratique à risque » Expression également applicable aux rapports sexuels sans préservatif et à la traversée d'un champ de mines.
Droits de l’homme = les zélateurs du genre préfèrent dire « droits humains » ; le problème est que le mot « droit » étant masculin, il impose d’office le même genre à l’adjectif « humain » : voilà encore de quoi en faire râler plus d’un ! Également disponibles en boutique et libres de droits : « droits des Homo sapiens », « droits des hominidés », « droits des hominoïdes », « droits des Catarrhiniens », etc. De toute façon, cela n'a pas vraiment d'importance, les droits de l'homme sont régulièrement bafoués, aussi inutile de se préoccuper de sémantique.
Éboueur = le préposé à l’ébouage n’est plus, impitoyablement terrassé par l'« équipier de collecte ». Toutefois, celui-ci a toujours le nez dans les poubelles ou, pour être plus actuel, dans les « bacs de collecte ».
Échec, ratage = « contre-performance », « insuccès », mais « succès différé » est encore plus positif. L'important est de ne pas rater ses échecs et de bien réussir ses fiascos.
Écologique = « respectueux de l'environnement ». Quand des associations écolos organisent des ramassages d'ordures, de seringues et de mégots par les gamins du canton, c'est pour leur apprendre à faire œuvre citoyenne et être « respectueux de l'environnement ». Faire trimer les pollueurs plutôt que les mômes paraîtrait pourtant plus judicieux, mais sans doute moins moderne.
Effrayant, horrible = aujourd'hui, le moindre fait divers est « glaçant », à croire que les journalistes, s’ils ne perdent jamais leur langue, ont perdu leurs dictionnaires, dans l’hypothèse où ils en auraient eu un. L'emploi de « terrorisant » leur permet d’éviter les répétitions mais pas le ridicule.
Élève = « apprenant ». Ce mot est particulièrement mal choisi en un temps où trop d'élèves n'apprennent rien, sont incapables de faire une simple division et ne connaissent rien de l'orthographe et de la grammaire, même en Master (concernant le niveau catastrophique de certains prétendants à ce diplôme universitaire, que nul ne me parle d''affabulation ! C'est du vécu, vu, entendu, et constaté personnellement avec toute la détresse que l'on peut imaginer !).
Émeute = « révolte ». Dans l’esprit de sombres balourds qui croyant jouer l’« inclusivité » se font serpillières (cf. supra « Collabo »), les « émeutes urbaines » portées par de minables racailles (voir « caïd ») fières de leurs immondes trafics, parfois renforcés de contingents de fils et filles à papa scolarisés en fac de lettres, ne sont en fait que les révoltes justifiables et sacrées d’un nouveau prolétariat honteusement « racisé ».
Emmerdeur = « en opposition d'harmonie ». Dans le monde tout sourire des gens gentils du Pays Joli, l'« emmerdeur » n'en est plus un, c'est juste l'« emmerdé » qui témoigne d'impatience voire d'intolérance.
Empoisonnement = « administration de substances nuisibles ». Le numéro des urgences reste identique.
Empreinte = aujourd’hui, elle est n’est plus simplement digitale ou une bête marque sur un quelconque support, elle est aussi « carbone » et omniprésente dans la médiasphère. Malheureusement, l’« empreinte carbone » ne mesure que l’impact des activités industrielles et domestiques de l’homme sur l’environnement, pas les répercussions de ses discours. Sachant que l’air expiré contient près de 4% de dioxyde de carbone, le fait de dire des âneries a donc un impact non négligeable sur la biosphère. Devant l'urgence climatique, il importe donc de la mesurer et d'inviter les couillons à la fermer. Certes, le monde serait soudain très silencieux.
En cours = « dans le "pipe" ». À placer impérativement en réunion de « brainstorming » au même titre que « BYOD », « deal », « feedback » et « touchy », entre « business plan » et l'incontournable « corporate ». Si vous ne comprenez rien à ce que dégoise l’intervenant, ne pas se singulariser et hocher doucement la tête d’un air entendu comme tout le monde.
Encadrant = « "manager" de proximité ». L’« encadrant » et le « manager de proximité » remplissent le même office : ils ne sont jamais là quand vous avez besoin d'eux, et toujours sur votre dos dans le cas contraire.
Engagé = participe passé souvent associé au substantif « artiste » pour former le fameux couple « artiste engagé » qui ouvre grand les portes des médias pour peu que l'on soit justement engagé du bon côté de l'échiquier politique. En effet, quand de tendance droitière, l’« artiste engagé » est généralement « dégagé » de l’« écosystème » privilégié du showbiz. Facilement reconnaissable à ses dons de moralisateur, l'« artiste engagé » aime souvent pousser la chansonnette, ce qui désespère le mélomane mais astique la notoriété de l'apprenti troubadour. L’« artiste engagé » s’honore également de côtoyer le petit peuple, généralement depuis sa villa du Lubéron, de son appartement du VIIIe arrondissement parisien, de Suisse, de Monaco ou du Luxembourg. Parfois même il partage avec les petites gens l’angoisse des lendemains difficiles et la crainte de la rapacité d’un État spoliateur en confiant ses maigres économies à une banque étrangère. La plupart du temps, l’« artiste engagé » s’engage dans des missions qui ne lui coûtent pas cher et comportent peu de risque, et même aucun de préférence. Jamais démobilisé, c’est surtout l’archétype du résistant en temps de paix et du guerrier sans guerre.
Entendre = verbe plus complexe qu’il n’y paraît. En politique et dans le cadre d’un conflit social, dire « j’entends ce que vous dites » signifie que « je ne m’en étais pas occupé jusqu’à présent parce que je n’en avais rien à foutre et que ça me coûterait des sous, mais comme vous mettez actuellement le bordel avec vos revendications à la con de feignasse, je suis bien obligé de vous écouter aboyer, même si tout sera oublié dès que vous serez calmés ». De la même façon, quand un homme politique, au pouvoir et en période électorale, vous lance par exemple un vibrant « votre douleur, je l'ai entendue », il vous fait savoir dans une langue moyennement cryptée qu'il vous prend pour un âne vu qu'il aurait pu agir quand il en avait l'occasion mais qu'il n'a rien foutu, ce que vous auriez dû comprendre. En langage des signes, sa pensée se traduit par un poing fermé paume vers le haut avec un majeur dressé, main droite ou gauche, voire les deux si volonté d’insister ; également valable en alphabet dactylologique.
Environnement = « écosystème ». Dans les médias branchés toujours inspirés, peut signifier « région » (voir ce mot) ou « territoire », sans même la nécessité d’espaces naturels.
Équipe, employés = « corps social », « corps étranger » parfois.
Équitable = mot régulièrement associé à « commerce » pour donner le philanthropique « commerce équitable », soit l'honorable volonté d’équilibrer les échanges entre consommateurs des nations développées et producteurs des pays sous-développés (pardon, en « voie de développement » !). Voilà une idée aussi bonne que généreuse dont se gargarisent les bonnes âmes en considérant d'un œil averti ces produits dans les rayons des supermarchés, sans forcément les acheter. Dommage qu’à l’instar du « bio », qualité et succulence ne figurent pas toujours au rendez-vous de ces produits estampillés bonne conscience. C’est regrettable de le dire sinon de le rappeler, mais qu’un paysan (re-pardon, « exploitant agricole » !) tout maigrichon d'un bout paumé du monde trime dans un champ comme une bête de somme pour nourrir sa famille d’une soupe de gruau n'implique pas du bon boulot. Maintenant, est-ce une raison suffisante pour bouffer ou acheter n’importe quoi, la question est légitime, mais on peut toujours aimer faire plaisir.
Escroc, voleur = lâché sur une chaîne d’information par un intervenant qui doit descendre tout droit de la planète de Oui-Oui, le superbe « personne mal intentionnée » ! En matière d’euphémisme, nous tenons là un modèle du genre. Décidemment les cas cliniques se multiplient, autant chez les enfoirés que chez leurs victimes, potentielles ou non.
Évocateur, suggestif = « inspirant » est assez récurrent dans les médias. Que vous vidiez une binouze le cul sur un parpaing mouillé au milieu des gravats d'une décharge champêtre ou que vous savouriez un latte tiédasse dans un boui-boui qui fouette le graillon, le décor reste « inspirant ». S’il est « porteur de sens », c’est carrément mieux : mettez un bicorne et un faux nez, prenez vite une photo et partagez-là sur les réseaux sociaux, et à vous la vedette, car maintenant vous avez élaboré un « contenu inspirant » !
Expérience = généralement « positive », elle survient tous les jours sans que l’on y prenne garde. Descendre au caboulot du coin de la rue pour s’envoyer une pizza quatre fromages devient une « expérience culinaire », faire un tour de manège une « expérience sensorielle », tester une nouvelle bagnole une « expérience de conduite », s'exciter sur son PC ou tripatouiller son smarphone une « expérience numérique », et acheter une paire de caleçons en coton dans une friperie de quartier constitue une « expérience client » dans le cadre d’un « acte d’achat » (cf. supra « Achat ») selon un « parcours client » dûment fléché dont vous n'aviez même pas conscience, innocent que vous êtes ! Se prendre un râteau reste cependant une mauvaise expérience que ce soit en marchant dessus ou avec une dame (ou un homme évidemment, je précise pour les éventuels grincheux !).
Expert, personne informée = « sachant ». Terme de droit parfois employé de façon péjorative, généralement par ceux que leur ignorance met mal à l'aise.
Expulser = « éloigner ». Exemple d'emploi : on « éloigne » un étranger en situation irrégulière. Ici, l'euphémisme est relativement impropre, car dans les faits on n'expulse rarement au-delà de nos frontières : c'est l'« expulsion intramuros », concept nouveau apparemment amené à se développer.
Expulsion = « OQTF » soit « Obligation de Quitter le Territoire Français ». Contrairement à ce que l’expression laisse accroire, une « OQTF » n’oblige pas à quitter le territoire : la personne sous OQTF doit vraiment y mettre du sien et redoubler de maladresses pour se faire expulser ; dans tous les cas, elle pourra toujours faire appel, devant la justice ou à des associations.
Extrême-droite = « ultra-droite ». Quand « ultra » deviendra obsolète car pas assez à droite, une commission parlementaire planchera certainement sur un nouveau superlatif.
Extrême-gauche = « gauche de la gauche ». À quand la « gauche senestre de bâbord » ?
Extrémiste = terme aux acceptions aussi mouvantes que complexes : les extrémistes de droite sont obligatoirement facistes tandis que ceux de gauche ne sont jamais staliniens ; les extrémistes religieux sont, eux, de simples gardiens de la tradition. Tous ne rendent pas la vie facile.
Facteur = « préposé à la distribution du courrier ». Ce titre fringant ne garantit pas des morsures de chiens de garde ni des incivilités.
Faire de la retape = « mobiliser ses réseaux ». L'expression peut équivaloir à rameuter ses potes ou se faire renvoyer l’ascenseur.
Fessée = « VEO », c'est-à-dire « Violence Éducative Ordinaire ». Les bonnes âmes s'imaginant « progressistes » (cf. infra, « Progressisme ») et seules dans le vrai, qui rejettent à juste raison les violences sur les enfants, doivent malheureusement confondre petite tape sur les fesses et coups de pompe dans la gueule doublés de violences sexuelles : pas sûr que les résultats en matière éducative soient à la hauteur des attentes. Gageons que beaucoup se demanderont ce qui a merdé dans l’éducation de leurs futurs chômeurs de rejetons quand, à l’adolescence, ceux-ci leur feront les poches pour se payer leur dose en les traitant d’enfoirés de vioques.
Fêtes de Noël, fêtes de Pâques = « fêtes de fin d'année », « fêtes de printemps », deux expressions que même un athée convaincu trouve ahurissantes. On remarquera au passage que l'on ne parle pas du ramadan comme du « mois de la sobriété diurne » ou des « journées du petit creux ». La volonté affichée par les démagogues de laïciser la société a ses limites qui sont au choix celles de la mauvaise foi ou de la lâcheté, voire, ce qui est plus probable, des deux.
Fête des Mères/Pères = d’incroyables mutants que l’on pourrait croire débarqués d’outre-espace proposent, pour ne pas heurter les sensibilités de certaines personnes qui sans doute n’en demandent pas tant, de bannir ces odieuses fêtes des mères et des pères et de les remplacer par la grotesque « fête des familles » ou, plus pathétique encore, par la « fête des gens que l’on aime ». Dommage et un peu discriminatoire pour ceux qui n'aiment personne ou n'ont pas de famille ! Apparemment, ces journées seraient ressenties comme gênantes et même discriminantes par des êtres nébuleux qui nous côtoient. Pour ma part, ce que je trouve gênant, d'offensant même, c'est de faire partie de la même espèce que d'aussi formidables benêts. C’est à ce genre de petites pépites que l’on se rend compte que notre société est sous-équipée pour l’avenir et que les dictatures ont de beaux jours devant elles.
Fête des voisins = sous peine de passer pour un odieux pisse-vinaigre, il convient, pour être dans le ton et se forger une bonne image, de considérer ce rendez-vous annuel comme un moment « fort » de « convivialité », de « partage » et d’échanges « inclusifs » dans un « vivre-ensemble » béat, même si certains voisinages de traîne-savates et autres parasites sociaux vous pourrissent la vie, et qu’au lieu de faire la fête avec eux on leur ferait plutôt leur fête !
Figure de style, stéréotype = « trope » abonde sous la plume de certains critiques littéraires et cinématographiques qui visiblement en raffolent.
Film = « métrage » est le terme fréquemment adopté par les vrais cinéphiles qui se la racontent intensément en se régalant à trois par séance dans un cinoche de quartier des œuvres en noir et blanc sous-titrées en serbo-croate d’auteurs indépendants azerbaïdjanais immigrés dans un loft germanopratin de 200 m².
Fort = en tant qu’adjectif, le mot a le vent en poupe et se décline selon différents parfums. Tout est « fort » : des « moments forts », une « implication forte », une « identité forte », une « émotion forte », un « engagement fort », un « consensus fort », un « signal fort », une « parole forte », une « rupture forte », un « message fort » (toujours), évidemment des « propos forts », un « témoignage TRÈS fort » (impérativement, et s’il pouvait être « glaçant » de surcroît, il n’en serait que plus « fort » !), un « acte fort » et bien entendu des « idées fortes ». Parallèlement, les esprits le sont moins, spécialement chez les forts en gueule, ce qui est un peu fort de café.
Fraude fiscale = les ignorants autant que les artistes de la mauvaise foi aiment à nommer la fraude fiscale « optimisation fiscale », ce qui est une erreur en plus d’être une stupidité. L’optimisation fiscale est légale, votée, autorisée, couverte par la loi, que les entreprises qui, elles, ne sont pas stupides, se pressent évidemment d’adopter, ce que chacun d’entre nous ferait s’il en avait l'opportunité (c’est-à-dire le pognon et une escouade de fiscalistes bien entraînés), à moins d'être un idiot congénital. Si contestation, et plutôt que de dire des âneries, s'adresser à l’Assemblée nationale qui légiférera. À noter qu’il existerait peut-être un moyen véritablement efficace de combattre la fraude fiscale, un moyen auquel, il me semble, vu les finances désastreuses du pays, personne n’a encore pensé : que l’État inconséquent apprenne à se gérer et ne gaspille plus ni ne dilapide dans des idioties les sommes colossales qu’il prélève aux entreprises et aux contribuables (également appelés « cochons de payeurs » ou « vaches à lait »). Plus gentiment pressurés, sans doute que ceux-ci chercheraient moins à se soustraire à l’impôt. C'est une idée lancée en l'air, comme ça, et qui retombera sans bruit, mais qui vaut ce qu’elle vaut...
Friche (en) = quand un jardin est abandonné à l'état de nature, il est de bon ton de ne plus parler de terrain « en friche » mais d'évoquer une « végétation différenciée ». Depuis que je sais ça, j'ai arrêté de tondre la pelouse et en plus j'ai mon brevet d'écologie !
Gardien de prison = « surveillant pénitentiaire ». Présenté comme un « métier d’autorité et d’écoute », le surveillant pénitentiaire est l’« acteur de la détention » autant que l’« acteur de la réinsertion des personnes détenues ». Un « Gentil Organisateur » en quelque sorte. Curieusement, il semblerait qu’il ne bénéficie pas du respect attendu de la part de ses protégés décidément bien ingrats.
Génération = concept diversiforme où se retrouvent certaines pratiques et habitudes généralement propres au monde occidental. On repèrera la génération des « baby-boomers » (cf. supra) suivie de la « génération X », puis les « Xennials », la « génération Y » dite des « millennials », « Z », « alpha », une « génération C » née avec le numérique, et même une « K » inspirée des livres Hunger Games ! En remontant le temps et en visant bien, on peut même dénicher des générations « glorieuses » et « silencieuses » : bref, il en faut pour tout le monde ! Ces dénominations à visées sociologiques ont débordé le champ des sciences humaines où elles auraient dû rester, littéralement accaparées par des meutes ségrégatives d’inassouvis généralement pas bien doués encombrant les réseaux sociaux. Objectif non avoué de ces phobiques versatiles, se différencier afin de rassurer leur égo en les aidant à se croire meilleurs que les autres. Les éléments les plus perturbés des dernières générations n’ont jamais autant bavé sur leurs aînés qu’ils jugent égoïstes et irresponsables, et bien que souvent fanatiques, intolérants, moins instruits et pas spécialement malins, tout en s’imaginant le contraire, ils aiment à se penser innocents des malheurs d’un monde dont ils profitent grassement sans vergogne. Plutôt que de bosser à réparer les conneries réelles ou supposées des « anciens » (ces « boomers » honnis qui ont mis au monde et torché ces ingrats), ils préfèrent la facilité en s’érigeant juges moralisateurs. Il est vrai que nettoyer tout ce bazar planétaire demande de vraies compétences, donc de faire des études scientifiques sérieuses, soit autre chose que de torcher du rap, d'enregistrer des vidéos de chatons sur YouTube, de se peindre les ongles, de brailler comme des malades en balançant des pavetons dans les vitrines des supermarchés ou d'implorer les cieux en espérant que ça se tasse.
Geste = aujourd’hui le geste ne peut se contenter d’être un simple mouvement du corps, un balancement des miches ou un haussement d’épaules, il doit signifier, être « porteur de sens », bref un « geste citoyen » sinon ça ne vaut pas. Pensez-y la prochaine fois que vous lacerez vos pompes ou remonterez votre braguette. Remarque : bien que signifiants, les bras d'honneur comme les doigts d'honneur ne sont pas considérés comme des « gestes citoyens », sauf à l’extrême-gauche de l’échiquier politique où il s’agit davantage d’une marque de reconnaissance valant salut rituel.
Gestion = « gouvernance ». Une vieille légende raconte que la « bonne gouvernance » existe à l'état de pure théorie gribouillée à l'encre invisible sur des parchemins moisis cousus dans de vieux grimoires aux fermoirs de fer sous la garde des féroces bibliothécaires des facs de sciences politiques.
Gitan, tzigane, nomade = les « gens du voyage » (ou encore la « communauté des gens du voyage ») ont librement choisi un mode de vie nomade et refusent de se fixer, mais les sédentaires qui n’ont rien demandé doivent à leurs frais leur réserver des emplacements dans les communes. Ne pas confondre avec les « squatters » qui sévissent en intérieur mais sont tout aussi délicats à évacuer.
Grève = « mouvement social ». Paradoxalement, le « mouvement » se solde à l'occasion par une paralysie générale.
Gros, grosse, obèse = « en surcharge pondérale », « en surpoids » ou « avec masse différemment répartie ». Signalons toutefois que ces euphémismes ne protègent en rien les obèses des maladies cardiovasculaires, du diabète et des troubles musculosquelettiques : ce n'est pas de la « grossophobie », c'est de la médecine, c'est la biologie qui est « grossophobe » (si pas d'accord ou pas content, se plaindre auprès de Mère-nature par l'intermédiaire de votre yogi en chef ou, si croyant, à votre confesseur préféré qui intercèdera aurpès de Dieu le Père pour un recalibrage de votre stock chromosomique). A priori, ils ne favorisent pas non plus l'épanouissement sexuel, tant sur le plan de l'esthétique que celui de la performance. Mais l'essentiel est de croire que cela n'a aucune importance. Pour s'épargner les maladresses et d'éventuels anathèmes, il faut savoir que les « gros » comme les « obèses » n’existent plus : ils ou elles n'ont pas maigri mais intègrent désormais la catégorie disparate des personnes affichant une « différence » (voir aussi la note 5 de la page CONSEILS SUPERFLUS…). L'hypocrisie n'ayant pas de limites sinon les bornes hypothétiques de la bêtise, pour qualifier ce qui néanmoins saute aux yeux il est sérieusement conseillé d’employer les expressions « beau/belle avec des formes » encore que les termes « plantureux/plantureuse » ou « rond/ronde » font parfaitement l’affaire et vous éviteront le tribunal des réseaux sociaux, ces mêmes réseaux qui vantent les stars filiformes ou bodybuildées du showbiz et suivent leurs exploits médiatiques en bavant, quand ils n'exaltent pas les surfeurs peroxydés ou les influenceuses siliconées. En résumé, les personnes en « surpoids » ne sont pas grosses ni obèses mais « différentes » des autres, tout comme leur vie et leurs espoirs d’ailleurs. Bref, Femme ronde, homme fort, c’est aujourd'hui et jusqu'à la nausée l’ode à la beauté inclusive, la fierté du gras, l’hymne à la cellulite, l’élégie du boudin et du poussa. Quelqu’un pourra-t-il enfin m’expliquer ce qu’il y a de beau dans un corps, qu’il soit masculin ou féminin, débordant d’adiposité et de chairs flasques ? Encore une fois, répétons-le, nous ne parlons pas ici de 20 kilos de surcharge, mais de masses mollasses qui entravent les mouvements et inquiètent la santé. On imaginera sans difficulté que les bonnes âmes si moralisatrices qui nous vantent cette inclusivité massique ne seront pas les plus pressées à s’apparier avec ceux ou celles qu’ils s’escriment à valoriser.
Groupe = « collectif ». Aujourd’hui, qualifie trop souvent des individus sans grande personnalité qui se regroupent pour s’en trouver une et dont l’unique raison d’être est d’emmerder les autres tout en croyant sauver le monde.
Guerre = « intervention militaire », mais aussi le nouveau et très « xyloglossique » « opération militaire spéciale » imaginé par un kagébiste bien connu qui manie l'euphémisme comme un Soviétique. Dans le cadre d’un conflit colonial, le terme d'« évènement » fait l’affaire, indépendamment du nombre de victimes.
Guérisseur = « tradipraticien », synonyme propret de « charlatan ». Le tradipraticien exerce souvent sa « médecine » dans des pays où la mortalité est très nettement supérieure au reste du monde, mortalité à laquelle il participe et qui ne l'empêche pas d'avoir du succès car le nigaud est une denrée inépuisable qui peut valoir son pesant d’or. Bénéfice de la mondialisation, il peut désormais faire profiter de ses « talents » les pays développés où il trouve également une profusion de gogos à plumer avec l'assentiment béat des autorités.
Guide = « agent de médiation ». Certains diront que ce n’est pas pareil, mais je l’ai bien entendu ainsi.
Handicapé, infirme = « non valide », « personne à mobilité réduite » ou « en situation de handicap », voire même « personne porteuse de handicap » (!!!), expressions fumeuses auxquelles j'ajouterai « mobilo-dépendant » et « capable différemment ». Cette sémantique fallacieuse ne facilite en aucun cas la vie des handicapés mais au moins elle ne coûte pas un sou sauf quand il s'agit d'installer de nouvelles signalétiques.
Herbe (mauvaise) = il n’y a pas de « mauvaise herbe » mais des « plantes spontanées », qui plus est « bio-indicatrices » de la qualité d'un sol, ce qui démontre que dans la nature il ne faut pas se fier aux apparences (la preuve, un type propre sur lui peut être un parfait enfoiré). Pour en revenir à la « mauvaise herbe », si l'on veut à tout prix la déclarer nuisible mais rester correct et non discriminatoire, on la dira « adventice ». La catégorisation de certaines herbes peut être plus floue, plantes à la fois nuisibles et bénéfiques, selon que l’on se place du point de vue du consommateur et du vendeur ou du droit : elles sont moins « bio-indicatrices » que déterminatrices de l’ambiance d’un quartier.
Histoire = le terme se rapporte aujourd’hui davantage au vécu individuel plutôt qu’à la science historique dans sa noblesse. L’important désormais est que chaque geste, chaque création, composition, œuvre ou expérience « raconte une histoire » ou un « récit »,, qu’il s’agisse de ses dernières vacances à rôtir échoué sur une plage comme un cétacé, de sortir du four une tarte aux quetsches, d'organiser un rempaillage de chaises avec les voisins ou de s’envoyer simultanément quatre partenaires au plumard.
Homosexuel = « personne à tendance homosexuelle » pour faire long, ou « gay » pour faire court. Il n'est pas sûr que les homophobes les tolèreront davantage. À ce propos, il est toujours étonnant que les homophobes, à qui personne ne demande de se faire poinçonner l’arrière-train ou lécher la touffe, se mêlent de ce qui ne les regarde pas, à savoir la sexualité d’autrui. D’autre part, un simple calcul démontre que les hétérosexuels devraient apprécier et même remercier les homosexuels, spécialement si ceux-ci sont sympathiques et bien faits de leur personne, car c’est autant de concurrence en moins sur le marché volatil de l’amour. En conséquence de quoi, tout le monde devrait pouvoir s’entendre.
Honneur = ceux qui s’en drapent en sont généralement dépourvus. L’exemple classique reste le « crime d’honneur », assassinat des plus sidérants perpétré par d’affligeants traîne-savates acquis aux superstitions les plus arriérées ou dont l’imaginaire de sous-développé voit une vertu dans un machisme propre aux refoulés. Souvent, pour ne pas dire systématiquement, les coupables de ces crimes odieux jugent impérative la domination de l’homme sur la femme, car la considérant comme leur propriété, une vulgaire marchandise à échanger ou engrosser. Que la femme puisse être plus douée que celui qui se veut son maître importe peu, un débile mâle puant l’urine emportera toujours la décision sur une femme même de génie, à jamais dépourvue de droits, sauf de celui d'obéir.
Immigré clandestin = « sans-papiers », « étranger en situation irrégulière », « réfugié économique », « exilé », l’absolument magique « personne avec un parcours d’immigration », ou le plus récent et fallacieux « réfugié écologique », voire tout simplement « migrant » ou « clandestin » selon sa sensibilité politique (précision nécessaire, le mot « clandestin » est employé par ceux qui ne veulent pas les accueillir ni que cela leur coûte ; celui de « migrant » par ceux qui veulent les accueillir, mais pas chez eux et sans que cela leur coûte). Très pratiques, ces termes évitent de qualifier ces personnes de « délinquantes » car s'affranchissant sans vergogne des lois des pays où elles s'imposent.
Immoral = « nauséabond ». Le terme s'emploie assez fréquemment pour qualifier moins une odeur désagréable qu'une opinion différente ; en cas de difficulté argumentaire, l'associer à « fascisme » ou « nazisme » peut permettre d’emporter la décision, contrairement à « maoïste » ou « stalinien » étonnamment moins efficaces, mais seulement sur le plan sémantique car côté carnage, on remarquera comme un cousinage et une efficacité certaine.
Important = « conséquent » remplace désormais systématiquement et abusivement « important », ce qui devrait bientôt libérer de la place dans les dictionnaires. Le mot « conséquent », pauvre déclassé, cherche actuellement un remplaçant : on attend une proposition monosyllabique invariable, de préférence polysémique, de la part des réseaux sociaux, dans le cadre d’une prochaine génération de dictionnaires limités à cinquante mots. À moins qu’un quelconque « influenceur » des bas réseaux nous trouve une grimace de substitution.
Impôt = « contribution » et « prélèvement » fonctionnent tout aussi bien et c'est le même prix. Remarque : si les institutions font généralement la distinction entre « impôt », « taxe », « redevance », « prélèvement » ou « prestation », le citoyen en fait des synonymes qui insultent son intelligence et violent son portefeuille.
Instituteur = « professeur des écoles ». À noter que le terme n'assure ni le respect des élèves ni le soutien de la hiérarchie du fonctionnaire et n’influe aucunement sur sa rémunération.
Intégriste = « traditionnaliste ». Distinguo subtil, l'intégriste rejette le mécréant par intolérance, le traditionnaliste par tradition. Le mécréant, lui, doit les supporter.
Intellectuellement moyen = « normo-pensant ». Manière péjorative pour les surdoués ou prétendus tels de qualifier l’individu lambda qui se complait dans un moule. C’est à croire que le surdoué serait automatiquement rebelle et créatif, sinon utile, et ne pourrait pas être un méchant connard. Pour les « HPI » (cf. « Surdoué »), le « normo-pensant » est généralement un con borné incapable de considération pour les différences, ce qui implique que le « HPI » est soit très intelligent soit très intolérant. Autre trouvaille, le « zèbre » dont la sensibilité émotionnelle exacerbée en fait la version émotionnellement perturbée du surdoué. Attention, le QI pris isolément ou la seule sensibilité émotionnelle ne fait pas un bon « zèbre », ces deux facteurs sont indissociables. À noter qu’être un « zèbre » ne dispense pas, comme le surdoué non zébré, de pouvoir être un gros con, car les surdoués peuvent l’être en tout. Inversement, un excité totalement ingérable n'est pas obligatoirement un « zèbre » même s'il a des rayures : c'est peut-être simplement un sociopathe ou un taulard.
Intrusion = une forme originale d’intrusion est l’« urbex » ou « urban exploration », soit l’« exploration urbaine ». Consiste à pénétrer par effraction dans des zones inoccupées que des petits curieux jugent pittoresques et dignes d’être visitées, au mépris du droit de propriété et sans avoir toujours conscience du danger dans des environnements dégradés. Se décline en maintes pratiques, à savoir visiter les toits, les caves, les catacombes, les friches industrielles, les propriétés privées, les égouts, les bâtiments militaires, mais également infiltrer les lieux définitivement interdits, par exemple des entreprises en dehors des heures d’activité. Comme quoi, quand on n’est pas foutu d’ouvrir un bouquin d’histoire ou d’archéologie industrielle, il faut bien s’occuper !
Intrusion de longue durée avec effraction et dégradation = « squat » ou « auto-organisation dans la précarité ». Attention, les « squatters » se servent quand même dans votre frigo sans vous demander. Notez que s'ils campent dans votre jardin, ce sont peut-être des « gens du voyage ». Mystérieusement, le droit de propriété oblige à payer des impôts et des taxes foncières et d'habitation mais n'assure pas la jouissance de ladite propriété.
Invariable = le pauvre invariable se voit parfois supplanté par « invariant », terme autrefois plutôt propre à la physique et la chimie mais dont se sont goulûment emparés les littéraires.
Jaloux = « rageux » a été remis au goût du jour. Le « rageux » est un jaloux coléreux prompt à montrer les dents dès que frustré ou contrarié : autant dire que l'espèce n'est pas en voie de disparition. On peut facilement lui prêter des tendances réactionnaires, aussi l’emploi du terme est idéal dans les débats pour disqualifier un adversaire et prendre sur lui l’ascendant. Sans être vraiment synonyme, « haineux » (et sa version anglaise « hater », cf. supra, « détracteur » ) est d’un emploi assez identique et très courant sur Internet, généralement en faveur auprès de ceux qui ne savent plus trop quoi dire.
Jardinier = « agent d'entretien d'espaces verts » ou encore « animateur jardin » sinon le plus fringant « agent paysagiste » qui tond aussi la pelouse.
Joyeux Noël = « joyeuses fêtes ». L'expression a été adoptée à l'unanimité par tous ceux qui n'ont rien compris à la notion de laïcité et de mèche avec ceux pour qui la laïcité tient du blasphème : c'est tout un art de se compromettre avec les obscurantistes en passant pour une bonne... belle personne. L'expression « idiot utile » (cf. supra, « Collabo ») est ici applicable à ses utilisateurs et même tout à fait appropriée. À noter qu'il n'est pas nécessaire d'être croyant pour fêter Noël, la preuve, Dieu ne s'en est jamais offusqué, ou alors pas fort.
Laid = « physiquement contrasté » ou « gentil ». Ce dernier terme valant également pour « simplet ». Une norme bienveillante de nos contrées veut aujourd’hui que personne ne soit « laid » mais seulement « différent » ou d’une beauté « atypique ». Il est à craindre que dans un proche futur, si vous refusez de céder sexuellement à tel ou telle parce que définitivement « moche », vous soyez catalogué au choix « misanthrope », « irrespectueux », « raciste », « intolérant » ou « fumier ».
Libérer = à la différence des idées aujourd’hui plutôt contraintes, la « parole se libère », ce qui constitue un formidable paradoxe. C'est la formule en vogue et sur toutes les lèvres, spécialement pour revendiquer tout et n’importe quoi, car que la « parole se libère » ne signifie pas que cela ne sera pas pour dire des conneries. Attention toutefois, la parole ne peut se libérer que dans un cadre strict et bien balisé favorisant la diversité et revendiquant l’inclusivité, sinon la liberté ostracisera le déviant vite bâillonné ou le mènera directement devant les tribunaux ou aux assises numériques.
Licenciement collectif = « plan social ». Si c'est « social » alors c'est normal, positif et bon pour tout le monde : celui qui se plaint est un asocial à rééduquer, ce qui donne une raison supplémentaire de le virer.
Licencier = « équilibrer la masse salariale » ou « restructurer ». Le licencié doit comprendre que c'est pour son bien, qu’il va « rebondir » (cf. infra, « Se faire virer ») et qu'il participe au développement de l'entreprise et au bien-être de son patron, et parfois même à celui des actionnaires. Pour ces derniers, cela fait du licencié une bonne personne.
Loi de la jungle = « déréglementation». En économie, une déréglementation soigneusement réalisée est censée bien faire digérer l'injustice. En cas d'incompréhension ou de mauvaise volonté, faire intervenir les forces de l'ordre qui expliqueront.
Lumineux = « solaire ». Si qualifiant une personne, à prendre au sens de « radieux », pas d’« éclairé » intellectuellement, surtout si la personne en question n'a pas la lumière à tous les étages.
Mal élevé = « hyperactif ». Désormais, on ne punit plus un gamin mal élevé, on soigne son hyperactivité à coups de médocs. Si l'on parle souvent de « TDAH », le fameux « Trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité », très pratique pour excuser l’incorrection, les spécialistes rappellent que les enfants qu'on leur amène en consultation sont souvent simplement mal éduqués (voir aussi « Merdeux »). Le souci avec les médias et autres réseaux sociaux est qu’à force d’employer ce terme à tort et à travers, on disqualifie une vraie pathologie et des souffrances bien réelles. Sinon, dans nombre de cas, « exubérant » plutôt qu’« hyperactif » est utilisé pour qualifier des individus également mal élevés mais adultes qui imaginent que pisser contre les murs, gueuler comme des veaux comme faire preuve d’agressivité pour les moindres raisons n’est que simple extraversion, notamment dans un contexte sportif (le stade leur est ce que le pré est aux bœufs, un lieu d’ébats) ; s’octroyer le droit d’emmerder les autres est leur vision de la liberté d’expression dans le cadre d’une démocratie et d'un espace public à leur usage exclusif. Attention, leur dénier cette liberté de beugler comme des dégénérés ou foutre le bazar fait de vous un odieux pisse-vinaigre, voire un cochon de droite.
Malade = « patient » ou « consommateur de soins ». Il creuse quand même le trou de la Sécu. Autre renégat potentiel, le « retraité » accroit également le déficit public surtout si malade, car il apparaît alors doublement coupable aux yeux calculateurs des responsables du Budget de l’État (triplement coupable s'il se prolonge insolemment !). Attention toutefois qu'un jour des méthodes tirées de « Soleil vert » et de l’« Âge de Cristal » n’inspirent pas des économistes trop zélés qui n’ont pas forcement intégrés dans leurs calculs que l’hôpital n’est pas une entreprise comme les autres, dont la mission est moins de faire du pognon que de soigner les gens, même vieux !
Maladie vénérienne, chtouille, vérole, etc. = « MST » s'attrape de la même façon et se soigne également avec des antibiotiques. Notons que, depuis peu, les médias usent préférentiellement du sigle « IST » pour « Infection sexuellement Transmissible », une distinction subtile qui n’intéresse que les spécialistes, moins les « infectés » qui, médicalement parlant, ne sont pas encore ou forcément des « malades ».
Maladresse, faute de goût = « micro-agression » (cf. supra « Blesser). Attitudes ou paroles a priori banales du lourdaud, du maladroit ou de l’individu mal éduqué qui tendent à affecter psychologiquement ou à « stigmatiser » (toujours caser ce mot dès que possible !) toute personne appartenant à une communauté prétendument ou réellement marginalisée. Notez que si vous n'êtes pas d'une minorité ou d'une communauté potentiellement marginalisable (de par l'ethnie, l'âge, le genre, l'orientation sexuelle, la pointure, la pilosité des sourcils, etc.), vous devez encaisser l’affront sans rien dire : apparemment ce ne serait que justice. L’explication franche et massive avec potentielle engueulade qui devrait concourir à résoudre les différends se voit ici remplacée par une pleurnicherie quasi systématique qui ne vise parfois qu’à bâillonner l’autre à la moindre occasion. Dans nombre de cas, si quelqu’un vous traite de « gros lard », de « petite salope », de « tapette », de « tête de con » ou n’aime pas votre couleur de peau, le traiter de « connard », d’« amoindri », de « complexé » ou de « refoulé » suffit à vous faire bien comprendre : il n’est peut-être pas toujours nécessaire de hurler au harcèlement avec le risque de passer pour chouineur. Bref, dans les cas les plus ordinaires, le « stigmatisé » peut marquer le coup en envoyant chier, en rendant la monnaie, ce qui demande seulement un minimum d’esprit ou de caractère, ou faire remarquer l’impair plutôt que de beugler à la stigmatisation, ce qui relèverait d'une pure infantilisation. Pour les cas plus graves ou insistants, quand la pression sociale ou la brutalité s'en mêle, le recours à la machine judiciaire se justifie effectivement.
Manifestation = « rendez-vous revendicatif ». Utile seulement si l'arrêt de votre activité a un fort pouvoir de nuisance, sinon retournez bosser ou prenez la porte ! Notons que si les citoyens exigent parfois une action de l’État lors des « manifestations », ils se plaignent systématiquement de son inaction lors des « rassemblements citoyens », généralement sans plus de succès, ce qui laisserait supposer que l’État s’applique à ne rien faire ou que les citoyens ne sont jamais contents.
Mariage forcé = « tradition ». Selon les circonstances, vaut également pour « séquestration avec viol », généralement de mineures. Très pratique pour assouvir des bas instincts dans le respect des coutumes.
Massacre = « génocide ». Mot terrible aujourd’hui employé à tort et à travers. « Massacre » évoque pourtant des actes suffisamment effroyables sans que l’on y surimpose la notion de liquidation ethnique ou d’extinction programmée d’un peuple. L’utilisation du terme permet cependant une comparaison efficace avec le régime nazi et ainsi d’exacerber les passions à peu de frais avec dans l'idée d'imposer le silence à l'adversaire. Pour une raison qui peut échapper mais qui le doit certainement à l'actuelle mode de l'enflure verbale, beaucoup font également leurs délices de l'expression « tuerie de masse ». Les victimes comme leurs familles font rarement le distinguo, à croire qu’elles sont insensibles aux subtilités linguistiques.
Mensonge = « vérité alternative ». À l’ère de la « post-vérité », on rencontre également la « contre-vérité ». Fonctionne magnifiquement avec les ignorants ou les exaltés politiques, ce qui revient au même. Politiciens, bonimenteurs, cagots et commerciaux en font généralement une grande consommation avec le risque d'y croire eux-mêmes, mais toujours dans l'idée de posséder les gogos.
Menstruation = « irrégularités féminines ». Expression ridicule certainement vêlée par un minable clampin qui, fier de ses rognons blancs, juge les menstrues honteuses.
Mentir = « être dans le fictionnel ». Le verbe « mentir » pourrait bien disparaître des dictionnaires vu que pour beaucoup d'évaporés il n'y a que des opinions « différentes ».
Merdeux (petit) = affligé d'un « TOP » ou « Trouble Oppositionnel avec Provocation ». Qualifie les enfants ingérables ou encore dits « transgressifs ». Bref, un nouveau terme pour un vieux problème. Voir aussi plus haut l'entrée « Mal élevé ».
Métier = « cœur de métier ». Surenchère phraséologique ordinaire. Pour un boulanger, qu'est-ce qu'être « au cœur » de son métier ? être dans le pétrin ?
Mettre en commun = « mutualiser les ressources ». Cela permet parfois à ceux qui ne foutent rien de profiter du travail de ceux qui bossent.
Mineur = terme d'emploi délicat et complexe car à acception élastique : quand allochtone, le « mineur » peut être « majeur », à croire que, par un phénomène spatiotemporel inconnu, plus l'on descend vers le sud, plus les années ont de jours : découverte cruciale que de s'apercevoir que la géographie terrestre influe sur le temps, comme dans un champ gravitationnel, confirmant Einstein à l'échelle locale ! Avantage non négligeable, si criminel, le mineur à l’« excuse de minorité » qui modère avantageusement la peine encourue, mais pas les dégâts aux victimes. Version plus originale encore, le « mineur non accompagné » se retrouve couramment dans les médias mais aussi devant les tribunaux qui s'empressent de les rendre à la rue.
Minorités = assemblage confus et disparate de « minorités visibles » généralement « issus de la diversité » donc représentant des groupes humains et ethniques bien précis, à savoir les Noirs, les Arabes, les Asiatiques et les personnes métissées sauf — et nous touchons là un point essentiel — les Blancs qui pourtant tendent déjà (et à terme doivent !) à perdre leur prépondérance, même quand majoritaires et dans leur propre zone géographique d’origine. Déjà « visibles », ces minorités sont également très « audibles ». Étonnamment, elles sont souvent soutenues par une frange de cette « majorité » qu’elles méprisent (cf. supra, « Collabo » et « idiot utile »).
Misogyne = « masculiniste ». Même si le terme misogyne se rapporte à un comportement et celui de « masculiniste » à une quasi-idéologie, nous restons toujours dans le domaine du très gros con auquel ne manque que la quadrupédie. Le masculiniste se caractérise par une angoisse existentielle de perdre sa virilité et sa vision archaïque de la femme qu’il souhaite soumise à l’homme et bien obéissante. Il dispose également de deux paires de testicules dont une placée entre ses oreilles, mais assez mal irriguée. L’idéal féminin du masculiniste se résume à trois orifices qu’il peut obturer à l’envi, à une gamelle prête au retour du boulot et à du linge bien repassé. Le problème psychologique de cette catégorie d’individus qui fait honte au reste du genre masculin (et qui souffre d'y être associé !) peut tenir à divers facteurs qui vont de la connerie pure et simple à la timidité, en passant par des traditions de sous-développés et la peur du déclassement dans des sociétés généralement patriarcales ; un physique ingrat qui interdit de se réaliser sexuellement peut de toute évidence jouer (et même être un facteur premier) ainsi que la honte d’une insuffisance longitudinale bien précise. La catégorie la plus perturbée des masculinistes est celle des « incel », comprendre les « célibataires involontaires » qui ne sont finalement rien d’autre que des refoulés sexuels. Pour parler crûment, ceux-ci expriment leurs frustrations par le rejet catégorique des femmes, rejet qui se résout dans le mépris de celles qu’ils ne peuvent conquérir et la fréquentation des sites pornographiques d’Internet sur fond de vigoureuses masturbations. L'« incel » peut néanmoins se diluer dans la normalité s'il parvient à se sortir une nana, ce qui demande un gros effort sur lui-même et une partenaire de très bonne composition.
Moral = « éthique ». À ne pas confondre avec « étique » même si la réflexion des moralisateurs l'est parfois.
Mulâtre = « métis ». « Mulâtre » étant désormais offensant et son emploi quasiment passible des tribunaux, on lui préfèrera « métis » encore que ne rien dire sera plus prudent.
Multiple = « pluriel » mais « choral » revient régulièrement. Exemple : un gangbang est un huis clos choral où la femme tient le premier rôle dans des ébats pluriels.
Nain = « personne à verticalité contrariée » ou « personne de petite taille » ne dispense pas du port de talonnettes.
Nègre littéraire = « prête-plume ». ». Prononcer même dans son sommeil « nègre », « noir », bref les vilains « mots en N » (« n-word »), est passible d'un lavage de bouche au savon noir (correction : au savon « foncé »), de 2 000 ans de travaux forcés et d'un milliard d'euros d'amende en plus d'être montré du doigt par une foule qui crie « ouh le vilain ». Pour être plus tranquille, il serait plus sage de carrément sortir la lettre « N » de l'alphabet ; une pétition en ce sens devrait être adressée à l'Académie française.
Noir/Noire = « personne noire de peau » ou « personne de couleur ». Là, attention au piège, curieusement, ces expressions ne s'appliquent ni à « Blanc » ni à « Jaune » ! Remarque : « Black » est plutôt à la mode bien qu’il veuille dire « Noir » en anglais. La preuve qu'en matière de « politiquement correct », il convient de ne pas trop chercher à comprendre sinon que l'on parle moins de respect que de revendication. La version « personne noire » se repère également au hasard des médias, comme si le seul adjectif « noir » substantivé en « Noir » ne pouvait désigner quelqu’un sans le dévaloriser. Bref, une volonté de la part de certains bisounours de salon de « décoloniser » la langue qui flirte malheureusement avec un paternalisme sournois infantilisant le sujet concerné.
Nouveau modèle = changement de « paradigme » fait bien plus sérieux. Exemple d’emploi du terme : l’abrutissement des masses par les réseaux sociaux, la vacuité des politiques et la dégringolade du niveau scolaire ont favorisé l’émergence d’un nouveau « paradigme » sociétal.
Offenser = verbe indéniablement pratique car tout est matière à offense. Ainsi ce fabriquant de glace qui renonça à appeler ses produits « esquimaux » pour ne pas « offenser » les Inuits. J’aimerais savoir si un Inuit a jamais porté plainte pour injure à ce sujet et si c’est le cas, pourquoi sa communauté ne l’a pas intercepté avant qu’il ne passe pour un con, et par effet boomerang ne nuise à l'image de son peuple. Car s’offenser d’un aussi épouvantable outrage, d’une insulte aussi monstrueuse, d’un tel affront, relèverait de la perturbation mentale ! Problème corrélatif, refuser de prendre le risque d'offenser limiterait les possibilités de rire car les plaisanteries, sans être obligatoirement méchantes, se font souvent au dépens d’autrui, donc sont potentiellement offensantes. Qu'on le veuille ou non, la nature humaine est ainsi faite, et trop vouloir la changer peut conduire au désastre. D'où la nécessité et l'importance d'avoir de l'humour, qualité dont sont généralement dépourvus constipés, emmerdeurs et imbéciles. Autre dérapage potentiel valant offense apocalyptique, le tout nouveau « mégenrage », comprendre employer intentionnellement le « deadname » d’une personne transgenre, c’est-à-dire le prénom de naissance qu’elle abandonna en changeant de genre. En définitive, de nos jours, pour éviter l’impair, mieux vaut ne plus rien dire, pas même bonjour. Rappel important à l’attention des étourdis pour se faciliter l’existence : plusieurs critères cumulables permettent de repérer les cons à coup sûr, à savoir difficultés de compréhension, manque d’humour, vanité et propension à se vexer.
Ouvrier = « collaborateur d'atelier ». Le « collaborateur d'atelier » ne perçoit pas de tenue particulière et garde son bleu de travail sans augmentation de salaire. « Collaborateur » tout court va aussi comme un gant à l'« employé » de bureau. Très pratique pour enfumer le petit personnel, le terme « collaborateur » impose à l'esprit une idée d'égalité qui ne se vérifie que rarement dans les faits. Généralement, le collaborateur aime en être un et le patron aime en avoir, aussi tout le monde est content.
Paniqué = « en panique ». C'est à se demander si certains ne paniquent pas à l'idée de conjuguer un verbe même du premier groupe.
Parents d’élèves = « géniteurs d’apprenants ». Une sous-catégorie problématique de parents d’élèves est constituée de couples reproducteurs d’un niveau scolaire proche du CP et qui entend adapter les programmes scolaires à leur sauce socioculturelle. Sans doute ces parents craignent-ils ce que pourrait apprendre leur progéniture et passer pour cons ou simplement ignares auprès d’elles, avec potentielle remise en cause de leur autorité. Pire, leurs bambins pourraient même rejeter toute formes de sous-développement civilisationnel et intrafamilial pour vivre une vie pleine et entière.
Partage = terme très en vogue malheureusement galvaudé. Le « partage » est le ciment des communautés « apaisées ». Il en existe une version moderne nommée « racket » propre aux « quartiers sensibles » et qui est un partage du faible au fort.
Participant = « acteur », voire « actant » si le cœur vous en dit et que le ridicule vous est une seconde nature. Sans doute que l’acteur participe plus pour ne plus être un simple participant. En entreprise comme en société, l'acteur se manipule aussi bien que le participant, voire plus facilement car il sera toujours persuadé que son avis sera pris en compte. D'autre part, dans le cadre d’un évènement traumatique, victimes, témoins et agresseurs sont des « acteurs du drame ». Voir également « Gardien de prison ».
Partition = « score » fait tout de suite plus professionnel !
Partouze = « relation à partenaires multiples ». Cette nouvelle expression n'affecte pas l'ambiance qui reste conviviale. Comme au golf, on y multiplie les trous.
Passé, histoire ou historique d’une personne = le « parcours de vie » doit sonner valorisant et plus original pour s’être aussi facilement imposé. Dans le genre, le « chemin de vie » n’est pas mal non plus, très risible. Dans un autre registre sémantique, il existe le « parcours de santé » pour les sportifs, et le « parcours de soins » qui peut être un « parcours de soins coordonnés ».
Passion = « c’est ma passion », phrase magique aux vertus disculpatoires qui, pour ses auteurs, semble vouloir excuser tous les débordements. Régulièrement employée par les défenseurs de comportements jugés inacceptables par d’autres ou fiers de loisirs convenus.
Patriarcat = de simple définition d’organisation sociale, le terme est désormais synonyme quasi exclusif de « masculinité toxique ». J’ai intercepté sur un site cette scandaleuse réflexion d’une inconnue que je qualifierai au mieux d’imbécile déclarant que le patriarcat est cette attitude généralisée des hommes estimant que le corps des femmes est un objet dont ils peuvent user sans entraves. Voilà une allégation bien péremptoire qui me paraît aussi stupide que d’affirmer que les voleurs et les escrocs jugent le bien d’autrui leur propriété. Assimiler l’ensemble du genre masculin aux dégénérés qui font régulièrement et malheureusement la une des médias est carrément une insulte, une agression verbale inqualifiable, un harcèlement intolérable à l’égard des personnes de sexe masculin qui savent encore se tenir. Non madame, tous les hommes ne sont pas de misérables porcs ou des violeurs en puissance qui ne pensent qu’à s’assouvir aux dépens des femmes ! Ce qui n’empêche pas qu’il existe effectivement pas mal de gros tarés qui ne voient dans les femmes que des proies à asservir ou des jouets sexuels, et ceux-là je suis bien d'accord pour leur en faire baver ! En attendant, que dirait-on si j’affirmais que les femmes sont toutes des gourdasses parce que l’une d’entre elles se permet des jugements à l’emporte-pièces ? Je passerais pour un con à raison. Donc pour calmer le jeu et éviter de s’énerver, on dira que par défaut le respect est dû à chacun comme doit l’être la présomption d’innocence, deux choses que les moralisateurs à la petite semaine et les sociologues de comptoir semblent négliger.
Patrimoine (1) = ce patrimoine dont toute nation digne de ce nom s’enorgueillit peut devenir un « héritage toxique » quand une étrange épidémie ophtalmologique ravage certaines consciences pourtant bien intentionnées qui ne regardent le monde d’hier qu’avec des yeux contemporains. En clair, des citoyens mus par la volonté de bien faire, à moins qu’ils ne soient tout simplement influençables ou ignorants, ne veulent absolument voir dans le passé du monde (du monde occidental uniquement) qu’un ramassis d’abjections véhiculant tous les stéréotypes racistes, sexistes, colonialistes, impérialistes et autres bassesses en « iste ». Outre l’histoire en elle-même, les grandes figures ne sont pas épargnées (seulement les caucasiennes évidemment), que ce soit celles d’hommes d’État, d’intellectuels, d’écrivains, de philosophes, de savants ou de compositeurs, désormais souillées d’opprobres dès que ces bonnes âmes leur suspectent la moindre complaisance pour des idéologies désormais intolérables à tous sauf aux crétins. Ces personnes, généralement sans compétence particulière, trop souvent téléguidées par des margoulins révisionnistes, commettent le péché historique suprême, celui de l’anachronisme, et nuisent à leur cause respectable par ailleurs. À ce petit jeu de massacre qui vaut gommage, il se pourrait bien que l’histoire du monde se résume aux péripéties de quelques ermites en savates, étant entendu que rares sont les humains (de tous sexes et sur toute la planète) à ne pas avoir quelques préjugés entre les oreilles.
Patrimoine (2) = plus que sa signification (voir « Patrimoine (1) » ci-dessus), le mot est pour certains d’étymologie odieuse, aussi l’on voudrait lui juxtaposer « matrimoine », histoire de bien différencier ce qui vient de la mère et du père et d’en rajouter une couche dans la guerre des sexes. Donc, par voie de conséquence, il conviendra d’urgence d’imposer le « patrimoine et matrimoine génétique » plutôt que le seul et exclusif « patrimoine génétique » qui menace la bonne transmission du génotype ! Maintenant, pourquoi s’arrêter en si bon chemin et ne pas compléter le dictionnaire ? Nous avons déjà « femmage » pour « hommage » rendu à une femme ou qualifiant tout art traditionnellement associé à la femme. Égalité oblige, l’inverse s’impose : terminées les écoles « maternelles », voici les écoles « paternelles ». Doit-on valider les combinaisons « assistante maternelle », « assistant maternel », « assistante paternelle » et « assistant paternel » ? Faut-il que les « Patricia » changent de prénom pour « Matricia » et doit-on trainer les récalcitrantes en justice pour apologie du masculinisme, les traiter de suppôts du patriarcat, de félonnes à la « Cause » ? Va-t-on médailler les « patriotes » et les « matriotes » ? Doit-on « s’exmatrier » plutôt que « s’expatrier » ? Naitra-t-on à la « maternité » ou à la « paternité » ? Le féminin de « patron » sera-t-il « matron » ou « matronne » ? La confusion rôde quand la sémantique cafouille. Plus question que la « marâtre » finisse seule, autant ressortir le « parâtre » des dicos, ils feront un beau couple. Faut-il « impatriculer » son véhicule avec une nouvelle plaque d’« impatriculation » plutôt que de bêtement l’immatriculer » ? A-t-on un « matricule » ou un « patricule » ? Vivons-nous dans un monde de fous qui pue méchamment la connerie ? N’y a-t-il plus de vrais combats à mener pour une authentique et définitive égalité des femmes ?
Pause déjeuner = « pause méridienne ». Repas pris dans le plan passant par la verticale de la présente position et par l’axe de rotation de la planète.
Pauvre = « personne en situation de précarité » ou mieux « personne en situation de précarité sociale et économique », sinon « RMiste » voire en « situation de pauvreté », ou encore l’inénarrable « personne en situation de sobriété subie » qui touche le fond des sommets du consternant ! L’intérêt de cette sémantique glaireuse est de permettre aux hypocrites de passer pour attentionnés en s'épargnant toute générosité ou en s'en déchargeant sur les autres. Inutile de préciser que parler de « gueux », de « miséreux », d’« indigent »», de « déshérité » ou de « mendiant » vous conduit droit à l’échafaud médiatique.
Paysan = « exploitant agricole ». L’exploitant agricole se lève quand même à la même heure que le paysan et en bave autant pour joindre les deux bouts. Curiosité historique, même illettré, le citadin a toujours eu tendance à mépriser le « péquenot » qui pourtant le nourrit.
Peau = l'expression « barrière cutanée » est plus vendeuse dans le cas des produits cosmétiques. Néanmoins chez les bandits, « faire la barrière cutanée » de quelqu’un ne s’est pas imposé face à « faire la peau » qui reste en vigueur. Il faut dire aussi que les bandits sont rarement des lumières et que les subtilités linguistiques de la modernité leur passent souvent au-dessus de la tête, ce qui ne facilite pas la coexistence.
Pédagogie = dans le cadre d’une « pédagogie différenciée » qui imagine faire d'un cancre une bête à concours, voici venir les « groupes de besoin ». Ils sont le nouveau trait de génie de quelques pédagogues de l’Éducation nationale, sans doute tous fils spirituels des virtuoses qui nous imposèrent jadis la méthode globale et nous valent aujourd’hui tant de dyslexiques avec la bénédiction des orthophonistes. Alors on nous explique longuement et la main sur le cœur que ce ne sont pas des « groupes de niveau », car ils sont voulus provisoires et ponctuels. Aïe ! Nous pouvons craindre que ce provisoire dure et que le « groupe de besoin » vire finalement « groupe de niveau », donc que ledit niveau baisse, pour surtout ne rien changer. Pourtant le redressement éducatif serait rapide et assuré en appliquant les méthodes qui prévalurent un siècle durant, avant les ravages de l’ère « post-moderne » : syndicats purgés de toute idéologie, professeurs compétents, motivés, respectés et soutenus par leur hiérarchie, offrant un encadrement pédagogique sérieux s'appuyant sur les fondamentaux à des élèves disciplinés qui pourront enfin développer leurs capacités dans une ambiance studieuse, et enfin parents d’élèves relégués à un rôle d’observateur, qui évitent de se mêler des programmes surtout quand illettrés ou véhiculant des certitudes bouffonnes propres à envoyer leurs rejetons à l’Âge de pierre.
Perquisition = la « visite domiciliaire » commence également à 6 heures du matin. Proposer café et croissants n'adoucira pas forcément la mine rébarbative des visiteurs.
Personne autoritaire, maniaque ou carrément emmerdante = « personne exigeante ». Expression inestimable qui permet de traiter quelqu'un de connard tout en le rendant fier. Très utile en entreprise et dans la fonction publique.
Personne dans la vingtaine = les tous nouveaux « vingtenaire », « jeune adulte » et « jeune majeur ». Ces deux derniers termes peuvent s'appliquer jusqu'à 30 ans si l’individu en question est particulièrement inadapté ou irresponsable : à ce stade, le risque n’est alors pas négligeable qu'il intègre précocement la catégorie des « vieux cons ».
Péter les plombs = « surréagir ». Dans notre bienveillante société, quand un atrabilaire fend le crâne d’un quidam à coups de manche de pioche ou lui ouvre le bide au cutter parce qu’il a juste osé le regarder droit dans les yeux, détesté sa remarque quant à son comportement déplacé ou simplement refusé de lui donner une cigarette, on dit qu’il « surréagit », créant de fait une regrettable « incivilité » (cf. supra, « Agression ») ». Donc tout est bien qui finit presque bien.
Polygamie = « mariage plural ». Les personnes bêtement suspicieuses suspectent que l'expression véhicule une petite connotation religieuse. La sémantique ne change pas ici le statut de ou des épousées qui demeurent génitrices soumises, cuisinières dévouées, femmes de ménage appliquées, bonnes à tout faire, et réceptacles muets de la concupiscence de leur bonhomme ; bien entendu, comme souvent dans ce genre de relations, les femmes sont tenues d’aimer tendrement leur époux et maître, de lui jurer fidélité, de le respecter en toute occasion, cela même s’il les viole régulièrement ou leur colle sa main dans la figure ou des coups de pieds dans le ventre. Avantage certain de la polygamie, la multiplication des allocations si les épouses sont de bonnes reproductrices et le mari bon donneur de sperme. Étrangement, la polyandrie n'est pas reconnue, ce qui laisserait supposer qu’il existe un petit fond de misogynie dans les religions, évidemment à confirmer.
Pornographique = « contenu explicite ». Dans une situation sans ambiguïté, le « contenu » fait clairement des choses sans équivoque.
Poser des difficultés = s’emploie fréquemment en milieu scolaire quand un « élève pose des difficultés ». Concrètement, cela signifie que le jeune en question est totalement ingérable, violent et incapable de s’intégrer ou d’apprendre, du fait de sa stupidité, de troubles psychologiques ou de sa mauvaise éducation, voire de tout cela. Remarque : constater que l’élève « pose des difficultés » ne signifie pas que l'institution tentera d'améliorer les choses, mais que le problème est posé lui aussi.
Possibilité = « champ des possibles », « espace des possibles » ou « horizon des possibles ». L'intérêt de la formule est qu’il reste pas mal de possibilités pour tous ces « possibles » : domaine des possibles, zone des possibles, terrain des possibles, territoire, aire, région, sphère, panorama, firmament, univers, cosmos, infini des possibles… tout est possible.
Prison = « centre pénitentiaire », accueille les « personnes détenues » (cf. infra, « Prisonnier »). Microcosme original qui permet, aux frais des contribuables et selon les options, de reprendre ou de faire des études, la visite des familles, de tirer un coup avec son conjoint ou sa conjointe, de profiter des douches avec ses petits camarades, d’enregistrer des vidéos sur YouTube, de continuer ses trafics petits et grands, de gérer son gang, d'entrer en religion, de se radicaliser ou de se faire larder de coups de couteau. N'assure pas obligatoirement un bon retour à la vie civile. L'endroit est fortement déconseillé au bourgeois pris la main dans une malhonnêteté. À l'inverse, les petits caïds en ressortent fiers et revigorés, héros de leur cité, auréolés de gloire, comme médaillés. Voir aussi « SAS ».
Prisonnier, taulard = « personne détenue ». Terme aimable et parfumé, très « fleur bleue », qualifiant un individu qui n'est le plus souvent, sauf accident de la vie toujours possible, qu'un truand, un voleur, un escroc, un violeur, un dealer, un maquereau ou/et un assassin, bref, un parasite social.
Privilège = le privilège est dit « privilège blanc » quand il est reproché aux individus d’origine européenne d’avoir construit chez eux au cours des siècles des sociétés et des économies (généralement développées) dans lesquelles et pour lesquelles ils vivent et se sont battus. Curieusement, l’idée de « privilège jaune » n’a pas encore trop émergé chez les minorités des pays asiatiques, sauf sans doute à l'époque du Dai Nippon Teikoku. Ce « privilège blanc » n’existant pas (ou plus) dans les pays africains, des personnes originaires de ce continent migrent par centaine de milliers vers l’Europe et l’Amérique pour en profiter. Surprenant masochisme.
Problème = parfois remplacé par la « question à résoudre » qui ne trouve pas forcément plus de réponses. Étrangement, pour une raison qui pourrait tenir du snobisme, le terme « problématique » tend également et abusivement à le supplanter : le dictionnaire est pour beaucoup un instrument rébarbatif du passé, d'autant plus qu'il faut maîtriser l’alphabet pour s'en servir, ce qui de nos jours et grâce à l'Éducation nationale exige bien plus qu'un bac même littéraire.
Profit = « création de valeur ». Exemple : le prolétaire crée de la valeur pour son patron bien qu'aux yeux de ce dernier il puisse ne pas en avoir. Parfois, licencier les prolos par paquet de mille permet de diminuer les charges donc d'augmenter les bénéfices ainsi que les possibles dividendes, d'où, raisonnement par l'absurde, la possibilité paradoxale d'une certaine valeur de ces mêmes prolos.
Programme = la « feuille de route » n'améliore pas forcément le contenu, spécialement en politique, mais donne un aperçu du mur de la réalité contre lequel on va se crasher.
Progressisme = philosophie politique qui glisse malheureusement vers le contraire de ce qu'elle prétend être et dont les tenants trahissent parfois magnifiquement les nobles idéaux. Le mot est généralement synonyme de beau gâchis. Voulant bien faire et dans son acharnement à guider la société vers l'âge d'or, le fondu de progressisme ou « progressiste » est parfois tellement compréhensif qu'il en tolère l'obscurantisme. Dans ce cas, le progressiste fait un « idiot utile » très convenable (cf. supra, « Collabo ») qui saccage le monde avec une totale bonne conscience. Le « progressiste » peut aussi être « engagé » (cf. ce mot), c’est-à-dire qu’il montre facilement les dents face aux lapins mais garde ses distances avec les fauves.
Propagande = « campagne de sensibilisation ». Genre d'intromission psychologique qui se pratique quand un gouvernement a un message désagréable à faire passer ou/et qu'il se prépare à empapaouter royalement les citoyens. Généralement, la vaseline est à la charge de ces derniers, mais beaucoup en redemandent.
Prostituée = « travailleuse du sexe » ou « escort girl ». Application bijective : la « travailleuse du sexe » fait travailler son sexe autant que celui des autres. Profession ingrate s'il en est, injustement vilipendée, les personnes qui se prostituent sont généralement méprisées par ceux qui abusent d’elles ou ne peuvent se passer de leurs services, maquereaux comme michetons. Comme quoi les gens méprisables ne sont pas ceux que l'on pense. De son côté, si l’État ne se gêne pas pour les traîner dans la boue ou leur mettre des bâtons dans les roues, il exige cependant qu’elles paient des impôts, ce qui en fait le premier des proxénètes.
Prostituer (se) = « exercer des activités prostitutionnelles ». Attention à l'impair en soirée : les personnes entretenues n'exercent pas forcément d'activités prostitutionnelles, du moins au sens strict et surtout si mariées. Dans le cadre de certaines soirées huppées, évitez d'aborder le sujet avec la (jeune) maîtresse de maison ou l'amant « vingtenaire » de madame.
Quadragénaire = « quarantenaire » (pour bien confondre âge et durée).
Qualité de vie = « confort de vie ». Il fallait bien ça pour améliorer le cadre de vie.
Quartier interdit = « no-go zone ». La grande classe qui la joue très blockbuster US et donne presque envie de visiter. L’originalité du « quartier interdit » est que les institutions semblent préférer taper sur les doigts des forces de l’ordre qui prétendraient y restaurer la légalité républicaine plutôt que sur les bandits qui en font leur repaire et prennent les habitants en otage. Faut-il y voir une excroissance malsaine de l'« exception culturelle » ou de la simple lâcheté pour raisons électoralistes ? Cela reste à déterminer, encore que je me doute de la réponse. Voir aussi « cité ».
Questionner = ne dites pas « questionner » mais « poser question ». Visiblement, « poser question » pose un homme.
Quinquagénaire = « cinquantenaire » (cf. supra, idem « Quadragénaire »).
Race = notion complexe propice aux dérives et autres crocs-en-jambe, car la « race » n’existe pas, contrairement aux « minorités raciales » qui s’érigent volontiers en communautés « racisées ». Paradoxalement, dans leur combat pour l'égalité, les militants antiracistes ont réactualisé ce concept de « race » qu’ils voulaient effacer, pervertissant leurs idéaux en les imprégnant d'un « racialisme » qui aurait ravi les « élites » du IIIe Reich. À l’évidence, nous sommes en présence d’une surprenante génération spontanée qui ne devrait pas manquer de défriser tout biologiste un peu sérieux : ce qui n’existait pas est soudain devenu existant ! Toutefois, l’homme a souvent besoin de catégoriser, aussi l’origine plus ou moins lointaine peut parfois se substituer à la race ou à l’apparence physique : ainsi, les Noirs sont dits « Afro-Américains » si natifs des USA. Néanmoins, cela ne vaut que pour certains groupes ethniques : on ne dit jamais « Euro-Américain » pour un Yankee blanc ni « Euro-Européen » pour un Européen de même teinte (Caucasien à la rigueur). À noter que, curieusement, on ne parle pas davantage d’« Afro-Européen » pour qualifier un Européen noir.
Rapport sexuel = « rapport intime ». L'échange de fluides entre partenaires est toujours d'actualité et peut s'avérer abondant. Il reste cependant à savoir si ces « rapports intimes » restent vraiment « intimes » dans le cadre d'une « relation à partenaires multiples » (cf. supra, « Partouze »).
Rassembler (se) = « créer du lien social ». La question ne se pose pas de vouloir ou non « créer du lien social » avec un gros con qui vous pourrit la vie, le « vivre-ensemble » vous l'impose.
Réalité = la « réalité alternative » est une version originale du concret pour quelques énergumènes certainement débarqués d’une dimension parallèle où la bêtise s’érige en science dure. Par contre, il est logique de supposer que si les réalités « alternaient réellement », le quotidien se compliquerait méchamment jusqu'à devenir incompréhensible. La « vérité » subit une même étrange fragmentation : dans notre monde à la puérilité conquérante, chacun peut s’offrir la sienne, condition commode pour engendrer le chaos, cette multiplication favorisant la division. Pourtant, la vérité se définissant comme une proposition conforme au réel, il ne peut n’y en avoir qu’une, n’en déplaise aux métaphysiciens et autres relativistes postmodernes souvent plus à l’aise avec les intégrales de philo que pour intégrer une fonction f(x).
Reconstitution = au cours d’une affaire criminelle, la justice ne procède plus à une « reconstitution » mais à une « mise en situation ». Sans doute que le précédent terme gênait la concentration du « mis en cause ».
Récupération : terme convenant à la gestion des déchets recyclables et des équipements de deuxième main mais aussi, voire surtout, en politique. Ce mot s'est rendu incontournable pour interdire à l’adversaire de s’emparer d’un fait odieux qui interpelle la majorité afin de ne rien y changer, cela pour des motifs bassement électoralistes. Dans cette acception, « instrumentalisation » fait office de quasi-synonyme. La forme verbale « instrumentaliser » interdit par exemple au nom d'une morale à sens unique d’exploiter tout fait divers sordide même pour s’en protéger. Remarque : pourtant, « instrumentalisation » et « récupération » sont des pratiques ordinaires à la base même de la politique qui est de s’emparer des circonstances pour alimenter les discours ; refuser ce principe équivaut à interdire tout débat.
Recyclerie = les « acteurs du réemploi » gèrent aussi les « ressourceries » qui sont des « structures du réemploi, de la prévention et de la valorisation de déchets ». Mazette ! le premier qui parle de « récup » ou de « décharge » fera 6 mois de stage de rééducation en déchetterie.
Réduire les dépenses = « prioriser les dépenses » En entreprise, cela augure parfois d’un plan social prioritaire, sinon augmentation des impôts en vue.
Région = « territoire », généralement en dehors de la capitale. Remplace et annule aussi le mot « campagne » définitivement ringard.
Renforcement d’équipe = « team building ». L’infantilisation au service de la manipulation managériale ou comment stimuler le petit personnel en le laissant se bercer d’illusions.
Renouveler (se) = « se réinventer ». Ce basculement sémantique n'a pas encore fait ses preuves sur le marché du travail. Par contre, il « réinvente » l'expression « se payer la tête ».
Réponse, preuve = comme la réponse complète ou la preuve définitive manque systématiquement, on adopte prudemment l’« élément de réponse » et l’« élément de preuve » qui permettent de parler sans trop savoir de quoi ou d’avancer des explications au jugé : inutile de préciser que ces « éléments » sont indispensables à tout travail journalistique un peu sérieux. Autre syntagme à la mode, l’« élément de langage » qui dépanne magnifiquement les responsables rédactionnels.
Répression = « pacification ». Heureusement, pour faciliter le boulot des forces de l’ordre, les méthodes coercitives sont communes à la répression et à la pacification. D'ailleurs, les victimes ne sont pas davantage prises au dépourvu.
Résistance = « résilience », très à la mode mais pas synonyme. Exemple : résistance des matériaux ou au passage du courant électrique ; résilience de la connerie humaine.
Résoudre = « solutionner ». Voilà qui évite d'avoir à conjuguer le verbe « résoudre » : les cancres disent merci, ce verbe du premier groupe « solutionne » leurs problèmes non résolus avec ceux du troisième (voir « Attendre »).
Respect = « ? ». Mot-mystère : sa signification figure en tête de la liste des acceptions bientôt disparues. Fréquemment, l’individu qui en exige de vous est un gros balourd qui vient justement de vous en manquer. Curieusement, un parallèle peut se faire avec l’« honneur » (voir ce mot).
Respecter = verbe à interprétation délicate qui nécessite parfois un apprentissage socioculturel. Exemple : dire « je vous respecte » peut signifier « toi, tu m’emmerdes, mais je suis bien obligé de jouer la tolérance même si tu es un gros blaireau qui ne raconte que des conneries ». Dans ce contexte, « respecter » autrui est un instrument du politique, un indispensable couteau suisse.
Respectueux = cet adjectif s’entend fréquemment dans l’expression « respectueux de l’environnement », mais plus rarement dans « respectueux des gens ».
Responsable = « en responsabilité ». Celui-là, en lieu et place de « responsable de », est à mes yeux particulièrement gratiné ! D’autre part, aujourd’hui, tout se doit d’être « responsable : « approche responsable », « consommation responsable », « éco responsable », « entreprise responsable, « communication responsable », « contrat responsable », « production responsable », « restauration responsable », « tourisme responsable », etc. Bizarrement, dans ce monde merveilleux se voulant tellement responsable, des fonds indiciels cotés en bourse au yaourt nature, que les gens le soient de moins en moins ne manque pas de surprendre.
Ressembler = l’usage actuel de ce verbe en fait un parfait support du narcissisme. C'est ainsi qu'une personne vantera ses activités en disant ne pratiquer que ce qui « lui ressemble » ou « lui correspond ». Évidemment, ce qui « lui ressemble » ne peut être que paré de toutes les qualités. Généralement, ça ne vaut pas tripette (voir aussi « Singulariser »). Fonctionne aussi avec le verbe « représenter ». Exemple, « faire ou réaliser quelque chose qui me représente » exprime très bien la haute opinion que l'on peut avoir de soi. Inutile de préciser que ces termes sont très en vogue sur les réseaux sociaux.
Retard = « allongement du temps de parcours ». Formule propre aux entreprises de transports en commun qui ne diminue en rien l’agacement des usagers pas plus que le prix du billet. Dans certains pays, les compagnies s'excusent platement auprès des voyageurs, chez nous, l'usage est plutôt de les envoyer promener, mais pas sur leurs réseaux. Notez qu'une « grève » n’est pas du tout un « allongement du temps de parcours » même si ses conséquences sont similaires : il ne faudrait quand même pas tout mélanger !
Retard économique = « potentiel de croissance » Ce « potentiel » reste souvent très virtuel, sauf en matière de potentiel de retard, lui généralement bien réel.
Réunion = l’homme rétrograde du monde d’hier organise des réunions, l’individu moderne pétri d’inclusivité et pensant « positif » propose des « temps d’échange ». Il n'en sort pas pour autant du constructif, mais l'air est bien brassé. En entreprise, il est d'usage d'enchaîner les réunions pour s'épargner un vrai travail productif : cela exige néanmoins certaines compétences, comme de dormir les yeux ouverts, parler pour ne rien dire, lire d'une voix atone ses présentations numériques, placer dans la conversation termes abscons et sigles pesants, faire discrètement son courrier en hochant mécaniquement de la tête pour approuver les intervenants tout aussi inspirés, et surtout ne pas oublier de prendre la parole pour ne rien dire quand les collègues commencent à plier bagage et ainsi bien les contrarier. C'est un art, quasiment un métier : d'ailleurs, ceux qui le pratiquent sont généralement bien payés. Les autres bossent. Quand la réunion vire au rassemblement folklorique et que les nombreux intervenants très contents d’eux se tapent sur le ventre en gobant des petits fours à la santé des prochaines élections et des dupes qui les porteront au pouvoir, on parle de « Grenelle ».
Rêveur = « lunaire ». En plus de ses acceptions ordinaires telles que « rêveur », « chimérique », « incroyable », le mot est fréquemment à prendre au sens d’« hallucinant » ou d’« ahurissant » et, par extension, d'« ahuri ». D’ailleurs, ne dit-on pas « con comme la Lune » ?
Revue pornographique = « revue pour adultes », « magazine de charme » ou « presse masculine ». On trouve toujours ces ouvrages didactiques perchés en haut des présentoirs des librairies, ce qui est judicieux pour les éloigner des mains moites des jeunes gens avides de pratiques socioculturelles, d'éthologie ou d'onanisme, mais discriminatoire à l'égard des « personnes de petite taille ».
Rides = « peau mature ». C'est gentil pour les vieux, ça part d'une bonne intention, mais ne change rien à l'âge et n'efface pas les rides.
Rodéo = dans les « quartiers sensibles », les « rodéos » se pratiquent sans chevaux mais à moto et toujours avec des bœufs. En cas d’accident, la police est obligatoirement responsable même si absente, ce qui est l’occasion pour ces « quartiers » de mettre l’ambiance en organisant de jolies flambées.
Rue piétonne = « liaison douce ». Les liaisons sont moins « douces » pour les rues avoisinantes bien embouteillées.
Sabotage = même si ce « sabotage » paralyse la moitié du trafic ferroviaire du pays, cloue sur place des milliers de personnes, menace certains salariés du chômage et coûte des dizaines de millions d’euros à la communauté, il ne s’agit heureusement que d’un « acte de malveillance ».
Salon, salle à manger, chambre, bureau, boudoir, jardin d’hiver, véranda = « espaces de vie » ou « pièces à vivre » (par opposition à « pièces à mourir » ?), voire « lieux de vie » si l’on compte déborder le simple cadre domestique. Question : les WC en sont-ils ? On peut répondre par l’affirmative : on y passe du temps, on y lit, on y médite, on y fait des efforts, on y est dérangé aussi, et on n'y chasse pas que les mauvaises pensées. À noter qu'il existe aussi des « espaces de parole » mais nul endroit où se taire. Plus branché, l'aphérèse « space » ou « espace de discussion » que l'on retrouve sur certains réseaux sociaux.
Salle de pause = « espace de convivialité ». Cette « convivialité » dépend beaucoup de vos rapports avec vos collègues.
SAS = un miraculeux fonctionnaire, que l’on pourrait croire sorti d'un film de Disney vêtu d’une salopette rose, parlant canard la pâquerette au bec, a trouvé un nouveau sens à ce sigle : ce n’est plus seulement le redoutable « Special Air Service » britannique, le « Syndrome d'Apnées du Sommeil », une « Société par Actions Simplifiée » ou « Son Altesse Sérénissime », mais la « Structure d’Accompagnement vers la Sortie », un nouveau genre d’établissement pénitentiaire que l’administration française juge apparemment indispensable pour aider à la réinsertion des détenus en fin de peine. Vu l’état actuel de déliquescence de la société, des « Structures d’Accompagnement vers la Séquestration » sembleraient autrement plus judicieuses. Et en plus on garderait le sigle.
Savoureux = « gourmand », les émissions culinaires ressassent ce terme à l’envi : quand c'est « gourmand » ou qu’il y a de la « gourmandise », c'est meilleur. Mais il y a bien mieux : j’ai nommé l’exotique et très branché « umami » que le premier bobo à écharpe venu dégaine en se pourléchant les babines d'un bête flan aux pruneaux industriel, assis sur une chaise inconfortable créée par un « designer » tendance, tout ça à la terrasse d'un bistrot chic. Souvent, une quelconque algue à carpe ou une de ces graines insipides régalant les piafs exotiques suffit à générer chez les mutants l'« umami » d'un plat pour le grand bonheur des gourmets à blog en mal d'inspiration qui tiennent leur cuillère comme une pelle.
Secrétaire = « assistant ». Que l'on se rassure, l'« assistant » reste un subalterne.
Se faire insulter/tripoter/dérouiller/dépouiller = « sentiment d'insécurité ». C'est dans la tête, aucune raison de se plaindre, c'est juste une impression. Si après avoir reçu une baffe vous avez l'impression d'avoir mal, c'est que vous avez beaucoup d'imagination ou que vous êtes de droite, tendance droite « nauséabonde » (cf. supra, « Immoral »).
Se faire virer = « rebondir ». Regardez bien, celui qui armé d'un beau sourire carnassier vous propose de « rebondir » dispose généralement d'un parachute d'une jolie couleur dorée. Quand à la fin de l’entretien votre interlocuteur vous serrera la main en vous souhaitant un bon « nouveau départ », remerciez-le chaleureusement avec un franc Kote Gaeshi et ce qu’il vous reste d’aïkido.
Service militaire = au défunt service militaire, l’État propose à la jeunesse de la République le « SNU » soit le « Service National Universel ». Ce brillantissime dispositif aurait pour but de valoriser la République auprès d’élèves de l’« éducation prioritaire » et des « quartiers ». Autrement dit, certains décideurs semblent penser que, finalement, ces « quartiers » en question peuvent parfois poser problème. Malheureusement, « mixité sociale », « brassage social », « réarmement civique » et « cohésion républicaine » ne sont pas sortis miraculeusement renforcés ni même indemnes de ces « stages de cohésion » (ou encore « séjours de cohésion ») du fait de populations incapables de « faire nation ». Sans doute que confrontés à la virile réalité des quartiers, les jeunes bobos surprotégés ne savent pas apprécier les valeurs de « vivre-ensemble » spécifiques à certains de leurs congénères des « cités ».
Sexe = « genre ». Aujourd’hui, chacun peut apparemment choisir le sien : la volonté a donc réussi à dompter le gène, exploit digne d’un « Jedi » ou d'un super-héros des écuries Marvel ou DC Comics. Pour certains extrémistes « woke » (cf. infra) des plus imaginatifs et se disant « progressistes », qui doivent avoir une formation plus littéraire que scientifique, pour peu qu'ils aient une formation tout court, le sexe n'est même plus une réalité biologique. Alors des questions existentielles se posent : d'où venons-nous ? Nos parents nous auraient-ils menti ? Sommes-nous tous concernés par l'Immaculée Conception ? Sinon, un « cisgenre » est une personne dont le « genre » ressenti correspond à son sexe biologique, ce qui pour certains jusqu'au-boutistes « woke » est déjà un souci qui frôle même le délit. De quoi s'interroger : le mâle cisgenre blanc hétérosexuel bien dans sa peau, vivant sereinement une sexualité bêtement « hétéronormée », qui semble satisfaire ses partenaires de l'« autre » sexe (?), est-il donc un problème, une déviance, une monstruosité biologique, un phénomène tératologique ? Nous aimerions savoir. Pourtant l'impression reste qu’ils sont plutôt nombreux dans ce cas. Forment-ils une « minorité visible » ? une majorité ? Peuvent-ils revendiquer leur différence ? Vivre ? Soyez sympa, protégez-les, ils peuvent encore servir, ne serait-ce que pour porter les valises ou gonfler la bouée canard du môme. Se reporter également à la note 3 de la page KICÉ ?
Signifier, saisir, interpréter = « faire sens ». Les versions « avoir du sens » ou « prendre du sens » sonnent sans doute trop ringardes aux oreilles branchées sur la modernité. Pour les plus intrépides, tout est carrément « porteur de sens ». Attention, si ça ne l'est pas, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue !
Simplifier = « décomplexifier ». Visiblement, le verbe « simplifier » ne suffisait pas pour qu’il faille complexifier la simplification.
Singulariser = verbe fréquemment rencontré sous sa forme pronominale « se singulariser ». Ceux qui abusent de son usage cherchent généralement moins à se différencier qu’à se vouloir originaux ou supérieurs en marquant une différence d'une banalité souvent consternante. Peut faire doublon avec « ressembler » (voir ce mot).
Solidaire = « inclusif ». Expression unidirectionnelle : le bénéficiaire de l’inclusivité n’est en rien tenu d’être lui-même inclusif ce qui ne facilite pas son inclusion dans la société inclusive qui veut l'inclure et passe alors exclusivement pour non-inclusive. Remarque : pour des raisons mystérieuses, le terme « solidaire », dans son acception originale de « se sentir responsable des autres dans l’action », tend à se voir supplanté par le très moche et très en vogue « en solidarité ».
Sortie scolaire = « sortie de cohésion ». La cohésion dépend du niveau et de l'éducation des élèves, autant dire que c'est souvent le foutoir.
Souffrant = « en souffrance ». Quel sens donner à cette expression ? « Grosse douleur », « en suspens », « pas acquitté » ? Depuis quelques années, peut aussi s’entendre comme « subir une ambiance délétère, voire menaçante, sans réaction des pouvoirs publics ». Il fut un temps où le langage servait à communiquer : aujourd'hui, il ne sert qu'à parler.
Sourd = « malentendant » est désormais le terme approprié sauf à aimer se faire traiter d'immonde fumier désobligeant par des milices bien-pensantes et vouloir collectionner les « dislikes » sur les réseaux sociaux. Comme le « sourd » dur de la feuille, le « malentendant » ne fait pas la sourde oreille, il est juste sourd comme un pot. Si le « malentendant » à qui vous parlez semble parfaitement entendre, c’est certainement un élu de la République ; selon les cas, il peut également être « mal-comprenant ».
Sous-développé = « en voie de développement », voire « émergent ». Les pays ne sont plus du « tiers-monde » ni même du « quart-monde », mais « en voie de développement », ce qui ne modifie nullement leur PIB par habitant. Nombre de ces pays n'ont visiblement pas trouvé le chemin de la voie, à moins qu'ils n'aient pris un raccourci qui rallonge. Myopes et délicats voudront faire ici la distinction avec « Sud global » ou « pays du Sud », deux expressions qui mettent l’accent sur l'opposition de ces pays à l’Occident et ses valeurs, rejet qui leur évite de s’attarder sur leurs éventuels sous-développements structurels, la prégnance en leur sein de régimes autoritaires autant que de mentalités et d'habitudes rétrogrades qui leur interdisent d'avancer. Ce dégoût de l’Occident ne va tout de même pas jusqu’à interdire aux ressortissants de ces pays « émergents » de s’expatrier pour s’y installer chaque année par vague de cent mille.
Spectacle vivant = spectacle ou représentation mettant en scène des « actants » ou « agents de l’action » non morts. Donc si vous pensiez simplement aller au théâtre, en concert, si vous surprenez un jongleur s'activer dans le métro ou un marionnettiste faire le clown dans un square et que ça ne fait pas tilt dans votre tête, vous êtes un benêt : c’est du « spectacle vivant » avec des gens « pour de vrai ».
Stationnement gênant = a été remplacé par « stationnement payant ». Comme par magie, la circulation en est soi-disant rendue plus fluide. Nos urbanistes ont du génie !
Supérieur hiérarchique = « N + 1 », « N + 2 »,... « N + x ». Applicable même si le supérieur en question est une nullité, l'adverbe comparatif « + » pouvant avoir ici une valeur négative. Notez que les versions subalternes « N - 1 », « N - 2 »,... « N - x » sont moins fréquentes et « grouillot » peut suffire.
Surdoué = « HPI » ou « Haut Potentiel Intellectuel », parfois associé abusivement à « autiste ». Il faut savoir que parfois le surdoué vit mal sa « singularité », contrairement au quidam de quotient intellectuel bêtement ordinaire qui n’est, lui, jamais « mal dans sa peau » et flotte toujours béat sur son nuage de bonheur. Petite précision : être « surdoué » ou « HPI » n’implique pas obligatoirement une quelconque utilité, l’intelligence étant aujourd’hui distribuée en multiples catégories aux pertinences discutables : ainsi l’importance historique d’un génie aux échecs ou au football — pour peu que l’on accepte de qualifier de « génie » un type jouant à la balle — ne peut se mesurer à celle d’un prodige de la chromodynamique quantique ou d’un lauréat de la Médaille Fields. Par contre, côté popularité ou même pognon, c'est sûr, c'est autre chose (voir aussi la note 9 de la page POURKOUA ?). Sans surprise, son contraire, le « FPI » pour « Faible Potentiel Intellectuel », n’a pas encore, à ma connaissance, fait son apparition dans le langage courant. Le « FPI » contrebalancerait pourtant ce « HPI » servi à toutes les sauces, d’autant plus que dans la vie de tous les jours, il y a plus de chance de croiser le premier plutôt que le second (voir « Caïd » et « Cité »).
Surdoué émotionnellement perturbé = « zèbre ». Avant, le terme qualifiait plutôt un guignol : tout change. Ou alors pas tant que ça. (Voir également « Intellectuellement moyen »).
Surveillant = « assistant éducatif ». Étonnamment il a les mêmes responsabilités que le « pion » d'antan, sauf que pour correctement faire son boulot, il a aujourd'hui tout intérêt avoir fait les commandos.
Terroriste = « activiste » ou « personne radicalisée ». Le terme ne vaut que pour des allogènes agissant pour des motifs religieux, sinon ce ne sont que de sales fascistes porteurs de haine. Les « antécédents psychiatriques » expliquent — et dans l’esprit de quelques-uns excusent — le passage à l’acte si la religion est invoquée, mais seulement dans le cas d'un criminel œuvrant en solo (si en groupe, les « idiots utiles » évoqueront des « résistants ») : on parlera alors d'un « loup solitaire », ce qui n'interdit pas d'y voir aussi un simple abruti intoxiqué par la propagande de plus malins que lui. L’étrange « psychiatrisation » du fait terroriste dès lors que la « diversité » est impliquée n’échappera à personne, sauf aux bourreurs de crâne qui voient une victime dans tout égorgeur racisé et un salaud dans tout caucasien égorgé. Doit-on alors s'inquiéter de ce que les problèmes psychiatriques semblent toucher prioritairement certaines catégories de la population, ou est-ce une simple illusion statistique ? Le « fiché S » est la version prématurée du terroriste, c'est-à-dire un con ou un malade dûment repéré par les forces de police pour le danger potentiel qu’il fait courir à la population. Dans sa mansuétude, l’État le laisse néanmoins en liberté, ou ne l'expulse pas du territoire, préférant prendre le risque d’un carnage plutôt qu’attenter aux droits de nuire d’un désaxé. Nous pouvons en être fier, la démocratie, c’est la possibilité pour le citoyen de côtoyer quotidiennement des tordus qui veulent sa peau et rêvent de détruire État et société : la preuve terminale que les démocrates ne sont pas des fillettes !
Tolérance = c'est « s'ouvrir à la différence », que cela « ouvre » au bon ou au mauvais. Attention, « s'ouvrir à la différence » n'impose pas que l'on vous tolère en retour. On peut également « s'ouvrir à la diversité » ou « s'ouvrir à l'inclusivité », c'est au choix, encore que les deux, c'est encore mieux. Par contre, « se fermer » à ces « différences » est très vilain, aussi les obtus sont-ils priés de fermer leur gueule.
Trajet quotidien = « trajet du quotidien ». Vraiment, ce « du » manquait ! À quand le « trajet du quotidien de tous les jours » ?
Transport = dans le cadre d’un théâtre sociétal se désirant plus « nomade », le bête transport se déclare désormais « mobilité » voire « mobilité alternative » ou encore « mobilité douce » quand le déplacement se fait sudoripare et écologiquement vertueux. Dans ce dernier cas, concerne spécialement le vélo, la marche et la trottinette (même si électrique et fabriquée à l'autre bout du monde dans des usines polluantes par des miséreux sous-alimentés à la botte de gouvernements autoritaires). La communauté nationale favorise l’expression de ces « mobilités » à grand renfort d’impôts et de pistes cyclables sur lesquelles il est aisé de circuler car rarement embouteillées vu que jamais personne ne les emprunte : dans ma commune, la municipalité est même tellement écoresponsable qu’elle a fait couper des arbres et arracher des haies pour créer une jolie piste cyclable bétonnée où pédalent trois touristes par heure, sauf l'hiver et les jours de pluie où l'on n'y voit personne. Si ce n’est pas de la vraie citoyenneté active ça ! Pour le reste, la voiture à moteur thermique est l’instrument du démon à bannir des rues du monde et son propriétaire un salaud égoïste et irresponsable ne méritant qu’opprobres et crachats, sauf s’il embarque matin et soir une demi-douzaine d’autostoppeurs. Le travailleur de banlieue, debout dès cinq heures du matin pour se rendre à son boulot à 50 km de chez lui, n’importe le temps, la géographie, sa santé, son âge et ses bagages, se doit d’employer des modes de déplacement « citoyens » et « vertueux », et donc de pédaler ferme. S’il se sent mou des jarrets, il a tout loisir de se rabattre sur les transports en commun pour peu qu’il en existe dans son secteur, qu’ils ne soient pas en grève et qu’il accepte de subir la promiscuité d'individus parfois mal éduqués et pas mieux lavés. Et puis c’est connu, la nuit, les femmes seules adorent les transports en commun qui leur permettent de faire de « belles » rencontres, de recevoir des compliments salaces, de profiter de mines concupiscentes et de regards grivois, de mains baladeuses et de frottements appuyés, voire plus si affinité, cela gratuitement et sans même la nécessité d'y consentir.
Travail à la chaîne = « organisation en ligne de production » rend le travail moins pénible.
Travail au noir = « travail dissimulé ». Dans certains pays, peut représenter une part non négligeable du PIB, ce qui est un marqueur efficace de sous-développement.
Trisomique = « différent ». Le trisomique l’est effectivement, suffisamment pour qu’il soit nécessaire de mieux le prendre en charge que l’individu lambda, ce qui invite à repenser les notions de « différence » et de « normalité ».
Tuer = « neutraliser ». Ce verbe se veut indolore, plus médical. La « neutralisation » se fait à l’arme blanche, au fusil, au neurotoxique, avec du polonium, un missile, des roudoudous, une petite cuillère ou tout autre moyen jugé approprié et pas forcément discret : un peu comme si l’on voulait tuer finalement.
Usine de retraitement des déchets = « unité de valorisation énergétique » ou « UVE ». La population, même acquise à l'écologie, n'accepte pas pour autant ces « unités » valorisantes près de chez elle.
Utiliser = « s'approprier ». Gros morceau que ce verbe a priori inoffensif mais aux incontestables vertus laxatives chez beaucoup. De ce terme dérive l’expression qui fait florès chez d'obscurs prétentieux d'« appropriation culturelle » qui défend formellement à certains groupes (en fait, le plus souvent aux « Blancs » de tous les continents) d’employer des éléments des cultures des « minorités ». L’inverse est possible et même abondamment pratiqué sans que cela n'interpelle. Le concept est tellement pervers que ses tenants en arrivent à refuser le droit à quiconque n’appartenant pas à un peuple anciennement colonisé, donc « dominé », d’employer des éléments d’une culture qui n’est pas la sienne. Ainsi un Européen dit « de souche » se verra interdire de porter des dreadlocks ou ne pourra jouer au cinéma un asiatique ni interpréter un personnage issu de la culture d’Extrême-Orient. On remarquera que sont essentiellement frappés d’interdit les personnes d’origine européenne, c’est-à-dire les Blancs, anciens colonisateurs et esclavagistes, à croire que les Africains comme les Arabes ou les Asiatiques ne pratiquaient pas eux-mêmes la traite humaine et l'esclavage. La possibilité existe que cette foire d’empoigne ne laisse que des perdants sur le carreau : pourquoi un individu d’origine africaine ou asiatique porterait-il des vêtements de coupe européenne ? pourquoi s’autoriserait-il à se loger dans des bâtiments qui n’ont rien à voir avec son habitat traditionnel ? Pourquoi un Amérindien conduirait-il des voitures ? Et d’abord, celui-là ne s’est-il pas approprié chevaux et fusils ! Quant aux acteurs, le principe est qu’ils jouent un rôle, n’importe lequel, sinon les homosexuels ne joueront que les homosexuels, les handicapés des invalides, les asiatiques resteront cantonnés à des rôles d’asiatique, on ne verra des nains que dans Blanche-neige ou le Seigneurs des Anneaux, et pas question pour des puceaux de jouer les tombeurs ! Maintenant, une brune peut-elle se teindre en blonde ? Doit-on sortir de prison un tueur en série pour interpréter Jack l’éventreur, exfiltrer un patient d’un service d’oncologie pour jouer un cancéreux, un toubib de cinéma doit-il obligatoirement être docteur ? Le métier d'acteur, soit quelqu'un jouant un rôle, qui fait semblant, perd tout son sens, sa raison d’être. Au cinéma, la tendance actuelle est d’accepter des acteurs noirs dans des rôles qui ne leur sont pas logiquement dévolus, comme les intégrer dans certaines sphères sociales européennes à des époques qui ne les auraient malheureusement jamais tolérés. Alors, plus d’Arabe dans une pièce de théâtre d'un auteur européen, plus d’Asiatique dans un opéra italien ? Vraiment, tout ça renifle vilain le révisionnisme aigri des mal embouchés. À l'inverse, à quand un Gandhi noir, un Martin Luther King asiatique, un Hirohito aborigène, un Mao africain, un Napoléon chinois, un César berbère, un Viking sikh, un De Gaulle wolof ? Interdit alors ? Et une valkyrie noire, un dieu nordique d'origine africaine, un samouraï basané ? (Ah ? on me souffle que c’est déjà fait). Soit, puisque rien n'est possible, plus de « blackface » mais alors soyons juste, plus de « whiteface » non plus ! Fini les Papa Legba du vaudou haïtien maquillés de blanc, terminé les masques couleur de craie du théâtre Nô, assez de ce fard blanc des geishas et des yûjos ! Allons plus loin, plus fort, plus bête, pourquoi prendre des médicaments fabriqués par d’autres ? Ne doit-on se régaler que des recettes de son terroir ? Laissons le maïs et la tomate aux Amériques, le blé au Moyen-Orient, le riz à la Chine. Et les instruments de musique ? Allez hop ! retour aux sources, chacun se contente des siens ! Plus de jazzman noir à la trompette, plus de Japonais au piano ! Et de quel droit les Africaines se lissent-elles les cheveux ? De même, interdit la K-Pop avec Coréens blonds ! Et vlan ! appropriation ! Et les bouquins, les symphonies, l’avion, la technologie ? En définitive, puisque personne ne veut faire l’effort de se supporter, pourquoi chacun ne retournerait-il pas sur les terres de ses lointains ancêtres ? Forçons le délire, interdisons aux Européens d’enseigner l’histoire de l’Afrique et aux Africains d’être profs d’histoire européenne ! Ne riez pas, ça nous menace déjà, il n’est qu’à mettre un pied dans certaines facs ! Doit-on renoncer au brassage des cultures, ne plus profiter du meilleur de chacune pour se replier sur de pathétiques prés carrés parce que des clampins ne savent qu’abuser de la tolérance des autres ? C’est à se demander s’ils n’ont pas simplement peur de se voir dépouiller du peu qu'ils ont créé, à moins qu’ils ne pensent pouvoir en tirer un bénéfice, façon droits d’auteur ? Dans l’affaire, l'« inclusif », le « partage » et le « vivre-ensemble » tant revendiqués en prennent un sacré coup ! Ne pas oublier que dans l'histoire des civilisations, tout est échange, transfert, « appropriation culturelle », c'est même ce qui nous fait avancer ! Note : on peut également « se réapproprier » une appropriation, mais cela vire à la provocation !
Vieillesse = « troisième âge ». Monte jusqu'au « quatrième âge » en attendant de descendre au cinquième, au sous-sol. On notera aussi que l'âge n'apporte pas la sagesse mais la vieillesse : seul un imbécile ou un jeune vous dira le contraire.
Vieux ou vieillard = « senior », « personne du troisième âge » ou « personne de l'âge d'or ». C'est fort gentil de vouloir faire de la vieillesse une qualité mais cela n'enraye en rien la décrépitude.
Village = « commune rurale ». Quelque part dans une administration pas assez occupée, quelqu'un s’est réveillé de sa sieste en trouvant que le mot « village » faisait trop plouc et a jugé indispensable de le remplacer. Avant de se rendormir content.
Viol = « agression sexuelle », mais « rapport non consenti » est plus consensuel. Remarque : si l'acte s’ancre dans des traditions culturelles allogènes avec possibles « carences affectives » chez l'agresseur (en plus des carences intellectuelles), la compréhension est recommandée ainsi que l’occasion de circonstances atténuantes. Dans ce cas, la victime est priée de faire preuve d'ouverture d'esprit, en plus des cuisses. L’État appréciera cette largeur d’esprit qui facilitera la paix sociale et désemplira les prisons (voir aussi la note 7 de la page POURKOUA ?). À ce titre, il importe aussi de rappeler que certains individus ayant parfois pignon sur rue et dont le génome mériterait d’être décodé pour y repérer les failles ou une filiation directe avec d’anciens hominoïdes, clament que les femmes n’ont pas à se refuser aux hommes ; en résumé, une légitimation du viol qui visiblement n’interpelle pas outre mesure nos autorités et nombre d'associations qui d’ordinaire ne manquent jamais de nous faire quotidiennement et bruyamment la morale.
Viol collectif = « tournante ». Le terme se veut moins disruptif et évoque les beaux manèges de notre enfance, un joyeux moment de « partage » dans la convivialité des mâles et la mutualisation des ressources femelles.
Violence conjugale = « terrorisme machiste ». Les femmes battues apprécieront cette dénomination originale de leurs malheurs. L'expression a toutefois l'inconvénient de laisser croire que les violences conjugales ne concernent que les ménages hétérosexuels et que les couples homosexuels, hommes ou femmes, sont épargnés. C'est aller un peu vite en besogne et supposer que seuls les hétéros (mâles) sont potentiellement de gros connards. Attention toutefois à ne pas trop généraliser : dans le cadre de foyers religieux très traditionnalistes, la pratique est ordinaire et corriger son épouse appelle même l'indulgence de certaines populations, la femme étant considérée comme inférieure à l'homme et socialement mineure, donc à dresser. Un choix de vie, quoi.
Visiter = plutôt que de simplement visiter, le mieux est de directement « revisiter ». L'objectif est généralement de pallier le manque d’imagination en évitant d’inventer. Par exemple, en cuisine, pour épater vos enfants ou éblouir les bobos, prendre une tarte au citron, un marteau, puis avec le second marteler sévèrement la première ; servir dans un verre à cocktail avec un chausse-pied en bois recyclable, planter un petit parasol aux couleurs d'une minorité opprimée, déguster : vous avez « revisité » la tarte au citron (et accessoirement pris vos invités pour des cons). Pour aller plus loin et finir d’épater la galerie, vous pouvez carrément « déstructurer » votre tartelette, en la passant par exemple au mixeur, acte éminemment « régressif » : vous aurez ainsi définitivement et avec brio « détourné » la recette. Il ne vous restera plus qu’à inspirer les réseaux sociaux avec quelques belles photos de votre chef-d’œuvre et la satisfaction de passer pour un génie aux yeux des comiques. Remarque : plutôt que de « revisiter » la recette, vous pouvez aussi la « réinterpréter », voire même vous la « réapproprier », et là vous serez carrément un boss de fin de niveau !
Vocation = le terme s’emploie très fréquemment dans l’expression « avoir vocation à », en excluant cependant certaines possibilités telles qu’« avoir pour l’État vocation à sortir le pays du marasme économique et de la déliquescence sociale où il croupit ». À noter au passage que ceux qui auraient « vocation à » fermer leur gueule en ont rarement conscience et ne s'exécutent jamais.
Vol = « délinquance d’acquisition ». L'expression vaut également pour les vols à la tire ou avec violence ainsi que pour les cambriolages. Si vous vous faites juste casser la gueule et que l'on ne vous dérobe rien, rassurez-vous, c'est une simple « incivilité ».
Voler = « fouiller » remplace parfois avantageusement le verbe « voler » trop galvaudé et qui pourrait injustement stigmatiser des salopards qui ne sont en fait que des « délinquants d'acquisition » (cf. supra, « Vol »). Le même individu qui revient quelque temps plus tard, voire le lendemain de sa garde à vue (ou après un « rappel à la loi » qui le laisse mort de peur), pour finir de vous dépouiller de vos biens acquis au cours d'une vie de labeur s'appelle un « récidiviste » (cf. supra, « Délinquant »). Si entreprenant, décidé, familier des prétoires et la justice implacable, on l'auréolera du titre de « multirécidiviste », donc « connu des services de police », bref une manière de célébrité en mesure de fanfaronner dans tous les cloaques. Si plus taré que la moyenne des débiles de son acabit, il sera « bien connu de la justice, et atteint d’une pathologie mentale lourde », ce qui, la plupart du temps, ne l’empêchera pas de se pavaner tranquillement dans les rues. Un programme ! De là à penser qu’on élève ces individus en batterie avant de les lâcher dans la nature pour se marrer des effets sur la population, il n’y a qu’un pas. Bref, si le bestiau est également doué pour les crasses, il bénéficiera même de mentions (cela sans passer le moindre examen scolaire national) dites « mentions au casier judiciaire » qui lui permettront de rouler des mécaniques une fois de retour dans son repaire de coupe-jarrets. Si le groupe nominal « casier judiciaire » est jugé inapproprié, car potentiellement stigmatisant, ne pas hésiter à le remplacer par le plus moelleux « inscription aux fichiers des antécédents judiciaires ».
Vulnérable = le nouveau « en situation de vulnérabilité » qui n'arrange en rien les choses.
Woke = « culture de la déconstruction » voudrait remplacer « woke » débarqué d'outre-atlantique, et cette fois pas pour nous sauver. Par contre, plutôt que de « déconstruire », l'idée de « construire » un avenir profitable à tous ne se profile pas à l'horizon : on cherche encore, et le terme et la méthode.
Zone = entre autres acceptions, plutôt qu’un faubourg misérable, la zone peut être une « Zone à Trafic Limité » ou « ZTL ». Le concept vise à réserver la circulation automobile aux seuls habitants de la zone susdite en vue de l'« apaiser » (voir ce mot). L’idée, égalitaire, serait à plancher d’étendre le concept à l’ensemble du territoire : évidemment, entourés de toute part de « ZLT », les automobilistes n’auraient plus d’horizon que celui de leur quartier, mais au moins tout le monde aurait la paix, sauf si vous vivez dans une « ZLT QRR » (cf. infra, « Zone en difficulté ») auquel cas dommage pour vous.
Zone en difficulté = « QRR » soit le plaisant « Quartier de Reconquête Républicaine » où quand l’État dissimule (mal) sa misère et son incompétence à faire régner l'ordre et la sécurité derrière son habituel jargon administratif à base de sigles et d'acronymes aussi maladroits que ridicules. Note à l’attention des tartuffes et autres gribouilles à vue basse : si l’association des deux mots « ordre et sécurité » vous déclenche diarrhée ou crise de zona, ne pas hésiter à les remplacer par « loi et civilité » ; si rien n’y fait et qu’aucun changement n’est constaté, vivre alors à fond ses convictions, enfiler une cagoule et intégrer un groupe d’« ultra-gauche » avant d’emménager avec femme et enfants dans une cité classée QRR pour se faire plein de nouveaux amis qui sauront autant vous pénétrer du réel que vous faciliter le transit.
Zone piétonnière = repérée dans les médias la splendide « zone de rencontre » qui peut même être une « zone de rencontre avec chaussée partagée ». Ici, que faut-il comprendre exactement par « rencontre » ? Est-ce une zone où l’on intercepte le premier qui vous croise, histoire de faire un petit coucou à un inconnu ou pour le simple plaisir de l’interpeller ? Quant à la « chaussée partagée », elle l’est automatiquement à l’avantage exclusif des piétons qui peuvent emmerder les véhicules à leur guise. Un « partage approprié » en quelque sorte.
Pour clore ce désolant florilège, un splendide « réalité inexistante » est apparu dans les médias en lieu et place d'un « fait non avéré », sans compter le tout nouveau, tout beau, tout chaud (c'est le cas de le dire !) « rapid unscheduled disassembly » (RUD) qui nous est gracieusement offert par la société SpaceX et que l’on traduira par « désassemblage rapide non planifié », épatant euphémisme pour « explosion » ! Pourtant dans « disassembly », autrement dit « démontage » ou « désassemblage », il y a l’idée de maîtrise du processus, ce qui ne me semble pas le cas lors d'une explosion, sauf sur le champ de bataille. D’où l’importance d'employer judicieusement les termes sinon toute compréhension est abolie. Mais n'est-ce pas là une caractéristique de notre époque ?
Vraiment, celui-là est à inscrire au PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL DE l'UNESCO !
Une envie de me finir au vieux malt me saisit invariablement à devoir supporter ces puérilités qui certainement partent d’un bon sentiment mais faussent les relations humaines, pour ne pas dire qu’elles favorisent l'arnaque intellectuelle. J’imagine que des maniaques équeutés ne devraient plus tarder à exiger le bannissement du mot « normal » des dictionnaires ! Prochaine étape : supprimer les mots, ne plus se parler, ne plus se côtoyer, s’isoler, seulement grogner ?
Je serais tenté d'ajouter que les personnes qui jugent injurieux ou dévalorisant de qualifier quelqu’un de « vieux », de « Noir », de « nain », de « handicapé », de « trisomique » ou d’« obèse » ont un sérieux problème de sociabilité, de gestion du langage ou une mentalité pourrie, travers qui mériteraient de petits ajustements civiques, voire une IRM.
Dans notre société, comme dans la plupart des (vraies) démocraties, la solution aux problèmes passe par la sémantique, avec le succès que l'on sait. Cet inquiétant syndrome de mal-être amuse beaucoup les dictatures et nous fait passer pour de sacrés mous du genou. Au risque que ces mêmes dictatures, nous jugeant définitivement installées dans cet état larvaire et incapables de nous défendre, soient tentées de nous soumettre. Ne riez pas, ça se serait déjà vu et l'actualité en témoigne. Passer pour faible motive les cons.
C'est bien malheureux mais en politique comme dans la nature, nul ne respecte la faiblesse : elle fait de vous une proie.